LE GOUVERNEUR Arnold Schwarzenegger a décidé de faire de la Californie un leader mondial de la recherche sur les cellules souches. Et il ne lésine pas sur les moyens. Sa politique incitative a conduit à la création d'un institut dédié, le California Institute for Regenerative Medicine (CIRM), qui est aujourd'hui sur le point d'attribuer 271 millions de dollars à une douzaine de structures de recherche fondamentale et appliquée. Complétés par des fonds privés pour atteindre près d'un milliard de dollars, les fonds alloués par le CIRM serviront à la construction et à l'équipement de nouveaux laboratoires, au total 74 000 m2 qui accueilleront 2 200 chercheurs. Il sera possible d'y étudier les cellules embryonnaires humaines dans les meilleures conditions possibles, qu'il s'agisse de lignées de cellules approuvées par le gouvernement ou non.
La réglementation en vigueur aux États-Unis est à peu près aussi étrange que la réglementation française. La loi imposée par George Bush en 2001 interdit le financement fédéral des travaux de recherche impliquant la destruction d'embryons. Cette loi prévoit que seulement une vingtaine de lignées de cellules souches embryonnaires humaines, dérivées avant 2001, peuvent être utilisées par des équipes de scientifiques qui reçoivent de l'argent du gouvernement.
Les chercheurs qui souhaitent malgré tout dériver leurs propres lignées de cellules ou utiliser des cellules non autorisées peuvent le faire, mais ils sont alors contraints de se dispenser de tout subside gouvernemental.
C'est pourquoi de nombreux chercheurs universitaires ont choisi de créer des laboratoires parallèles, entièrement financés par des fonds privés. Dans ces laboratoires, ils ont les mains libres. Mais cette solution de fortune n'est pas sans créer de problèmes : pour être sûrs de ne jamais utiliser de matériel financé par le gouvernement américain dans leur laboratoire alternatif, les chercheurs doivent recourir à des stratagèmes qui peuvent prêter à sourire, mais qui sont pénibles à vivre quotidien. Ainsi, une chercheuse a décidé d'utiliser des marques de stylo différentes dans chacun de ses deux laboratoires. C'est selon elle la seule façon d'être sûre de ne pas introduire un stylo payé avec des fonds publics dans son espace privé.
Et, au-delà de cette épuisante gymnastique logistique, les chercheurs américains sont finalement contraints à poursuivre les plus pointus de leurs travaux dans des conditions souvent moins bonnes que celles offertes par les universités. Une biologiste a raconté au « Los Angeles Times » comment, suite à un violent orage, elle a perdu le fruit de deux années de labeur. La foudre avait entraîné une coupure de courant dans son laboratoire privé. Le laboratoire n'étant pas raccordé à un générateur de secours, contrairement aux laboratoires des universités, les congélateurs dans lesquels étaient conservées ses lignées cellulaires s'étaient éteints. Les cellules étaient mortes.
Pour les scientifiques californiens, la politique de Schwarzenegger signe la fin de ce genre de cauchemar.
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