Formation
« J’ai fait mes études à Paris Ouest et dès ma deuxième année, je réalisais des films amateur. Je suis passé au court-métrage professionnel en quatrième année et j’ai soutenu ma thèse sur les pseudo-kystes dans les pancréatites chroniques quelques semaines avant le premier jour de tournage de mon premier long-métrage, « Les Yeux bandés » ! »
Autobiographie
« Mon père est médecin mais je n’ai jamais travaillé sous ses ordres. Il y a de l’autobiographie dans cette façon qu’a Benjamin de passer violemment de l’enfance au monde adulte. Sans oublier sa peur de l’erreur médicale, et ce sentiment d’impunité qui vient renforcer la culpabilité. Tous les médecins sont confrontés au doute, à l’angoisse d’avoir pris une décision néfaste. »
Film tribune
« Même s’il y a cette dimension-là, c’est un récit initiatique, sur la transmission, la vocation, avec cette phrase centrale : " Médecin ce n’est pas un métier, c’est une malédiction ”. Qu’est-ce qu’être médecin ? J`ai fait tout un film pour trouver la réponse. Je ne suis pas sûr d’y être arrivé. »
Réactions du monde médical.
« J’ai été voir le film dans une salle bondée : étudiants, internes, externes, mais aussi des infirmiers, des administratifs. Ils ont très bien réagi. La Fédération hospitalière de France a trouvé que cela donnait une image réaliste de l’hôpital, avec ses qualités et ses défauts. Même si le directeur en prenait un peu pour son grade… Les externes, ça les a beaucoup amusés, les médecins retrouvaient la nostalgie de leurs années étudiantes. En même temps, le sujet (d’actualité) qui touche le plus, c’est l’accompagnement des malades en fin de vie. »
Statut des médecins étrangers.
« 30% des médecins des hôpitaux publics sont des étrangers. Le problème existe depuis vingt ans : on manque de médecins, donc, on fait venir des diplômés à qui on donne un statut précaire. Souvent ils arrivent de pays en guerre. Ils y trouvent leur intérêt car la médecine française est bonne. Ils sont censés repartir chez eux au bout de deux ans mais l’hôpital a besoin d’eux et fait tout pour les garder. Quand cela fait quatre ou cinq ans qu’ils soignent, avec de grosses responsabilités, ils aimeraient être reconnus. Or, on trouve des étrangers de quarante, cinquante ans qui ont encore un statut précaire alors que cela fait parfois dix ans qu’ils sont responsables d’un service. »
Quand j’étais interne, j’ai travaillé avec un Algérien de très grande qualité, « faisant fonction d’interne ». Depuis, il est devenu médecin français à part entière, inscrit au conseil de l’ordre. Après des années de combat, il est toujours investi dans cette lutte. Pour mois, c’était un modèle. Je lui ai fait rencontrer Reda Kateb, qui incarne Abdel. Ils ont parlé du déracinement, de l’exil, de cette difficulté à être reconnu.
Je ne sais pas si mon film fera changer les choses mais je tenais à faire ce constat. Il faut, soit former plus de médecins en France ; soit, pour les étrangers qui ont le désir de rester chez nous (ce qui n’est pas le cas de tous) trouver le moyen de les maintenir dans le système de soins publics hospitaliers. »
Importance du collectif
« Pour moi, c’était capital de montrer comment l’individualisme, à l’hôpital notamment, mais dans la société en général, amène à la destruction. La seule façon d’avancer, c’est la discussion. Comme dans la scène finale. J’aime beaucoup cette fin : il y a de l’espoir, tout n’est pas noir : Benjamin va s’en sortir, il a de la ressource, Abdel va s’en sortir aussi parce que la société française peut être injuste, mais elle a aussi plein de qualités et une vraie capacité à se montrer généreuse. »
Avenir
« Je fais des remplacements de façon irrégulière à cause de la sortie du film, mais redevient généraliste dès que possible. Et début 2015, je vais commencer commencer à tourner un nouveau film. Sur la médecine rurale cette fois.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature