UNE FORME inédite d'anémie à hématies falciformes vient d'être découverte par une équipe du Children's Hospital de Boston. Dans un article publié par le « New England Journal of Medicine », les médecins décrivent le cas d'une fillette originaire de Puerto Rico, atteinte d'une forme atypique de drépanocytose : un de ses deux allèles du gène de la bêtaglobine est parfaitement normal, mais le second contient deux mutations, la mutation classique associée à la drépanocytose (Bêta Glu-6-Val, HbS) plus une seconde mutation (Leu-68-Phe). Ce nouvel allèle de la bêtaglobine a été baptisé « hémoglobine jamaïcaine simple ».
A l'âge de 19 mois, à la suite de son premier voyage en avion, l'enfant fut présentée à l'hôpital en urgence pour une ablation de la rate. Elle avait déjà présenté des symptômes classiques de l'anémie à hématies falciformes, exacerbés par des infections respiratoires. Mais ses parents ne s'attendaient pas à ce que ce voyage eût de telles conséquences sur la santé de leur fille. Cyanosée et hypotendue, la fillette a dû être ventilée par un médecin à bord pendant tout le vol. Sa rate atteignait le détroit supérieur.
Porteuse hétérozygote de la mutation HbS.
Il avait été établi à sa naissance que l'enfant était porteuse hétérozygote de la mutation HbS. Cette mutation lui avait été transmise par son père. Mais la présence d'une seule copie de cet allèle ne pouvait expliquer la gravité de ses symptômes.
Geva et coll. ont donc décidé d'examiner de plus près la séquence des gènes des globines de la fillette. Il est alors apparu que son allèle de la bêtaglobine d'origine paternelle présentait non seulement la mutation HbS, mais aussi une seconde mutation touchant l'acide aminé 68. Cette seconde mutation n'est pas retrouvée dans le génome somatique du père. Elle est probablement apparue au cours de la spermatogenèse, au niveau des spermatides.
La mutation Leu-68-Phe avait déjà était décrite, mais n'avait jamais été associée à des formes aussi graves de drépanocytose.
Il apparaît donc que c'est l'association des deux mutations qui rend l'allèle « hémoglobine jamaïcaine simple » aussi dangereux, même à l'état hétérozygote.
Comme le souligne Edward Benz dans le commentaire qui accompagne l'article de Geva et coll., ce travail montre bien comment la combinaison de la biologie moléculaire avec une approche physiopathologique classique peut faciliter la compréhension de maladies inconnues.
A. Geva et coll., « N Engl J Med » du 7 octobre 2004, pp. 1532-1538.
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