La MSA et Groupama ont initié il y a deux ans une expérience innovante en Dordogne et dans les Ardennes. Le but ? Proposer une palette de services à la carte adaptée aux besoins concrets des généralistes. Le secret de la méthode ? « Nous avons pris le temps », explique d’emblée le Dr Laurent Moreau, généraliste et directeur médical à la Direction nationale santé individuelle de Groupama. Le temps d’identifier les besoins en écoutant les demandes des acteurs concernés. Avec la bénédiction des collectivités locales des territoires.
En Dordogne, ce sont douze généralistes, les élus locaux et les patients eux-mêmes qui ont fait remonter leurs doléances auprès de la conseillère « Pays de santé », Anne-Marie Conseil. À charge pour cette infirmière diplômée d’État de formation de résoudre l’équation de cette palette de services à la carte : recherche de remplaçants, éducation thérapeutique des patients via la prévention du surpoids et l’obésité, constitution de dossiers médico-administratifs ou encore regroupement des achats nécessaires au fonctionnement des différents cabinets médicaux de la région. « L’idée, encore une fois, est de dégager du temps médical aux praticiens », résume Anne-Marie Conseil.
Une initiative à laquelle les deux plus jeunes généralistes du nord de la Dordogne ont adhéré tout de suite. Il faut dire qu’à à peine quarante ans, Philippe et Karine Faroudja, avaient jusqu’ici peu de temps pour souffler dans la maison pluridisciplinaire qu’ils ont monté à Saint-Pardoux-la-Rivière, petit bourg de 4 500 habitants. Logique puisque le couple de généralistes est aussi parent de trois enfants. Un exemple de leur rythme quotidien ? « Ca dépend de ce qui se passe durant la garde puisque pour nous la PDS c’est une semaine sur deux mais, sinon, j’ouvre le cabinet assez tôt, 6h30-7h, explique Philippe Faroudja, ensuite Karine me rejoint. » Les consultations et les visites s’enchaînent alors jusqu’en fin d’après-midi où Karine Faroudja revêt sa casquette « maman » pour s’occuper des enfants. Philippe peut lui, continuer jusqu’à 21h-21h30…
Praticien à l’ancienne
En termes de confort de vie, on se demanderait presque ce que Pays de santé a changé pour ce couple de généralistes. « Malgré mes 41 ans, je suis un praticien à l’ancienne : ces horaires-là et cette façon de travailler me plaisent, sourit Philippe Faroudja. En revanche, avant l’arrivée d’Anne-Marie Conseil il ne m’était pas possible de mettre en place des ateliers d’éducation thérapeutique par exemple ». Pas le temps.
Autre victoire remportée par la conseillère « Pays de santé » de Dordogne : l’harmonisation des dossiers d’admission en Ehpad pour l’ensemble des établissements d’un bassin de vie qui compte quelque 30 000 personnes. « Pour nous les généralistes, c’est un gain de temps considérable, surtout en campagne quand je peux recevoir jusqu’à 70 patients par jour », affirme Phillipe Faroudja. D’ailleurs, son épouse en est persuadée, " l’expérience des Pays de santé, préfigure ce que sera l’exercice rural de demain ". Et suscitera ainsi des vocations chez les futurs généralistes ?
« Quand ils voient nos journées, les jeunes hallucinent un peu », reconnaît volontiers Philippe. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque le canton de Saint-Pardoux compte un généraliste pour 12 000 habitants. L’une des solutions passerait peut-être par l’agrandissement du cabinet pluridisciplinaire qui ne compte pour l’instant qu’une dizaine de professionnels de santé. Le projet est à l’étude. Tout comme celui de la construction d’une autre maison de santé dans le bassin voisin de Nontron, qui pour l’instant se repose sur son hôpital local. « Ce serait une bonne manière de répondre aux besoins et de susciter des vocations chez les jeunes médecins », analyse le président de la communauté de communes du Périgord vert granitique, Marcel Restoin. Et amorcer ainsi un cercle sanitaire vertueux. En effet, l'expérience
« Pays de santé » s'achèvera en 2012. Mais déjà les élus veulent la prolonger.
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