LES CÉSARS fêtent leur trente ans dans une conjoncture favorable, comme le souligne le président de l'Académie des Arts et Techniques du cinéma, le producteur Alain Terzian : avec près de 200 millions d'entrée et quelque 200 films, 2004 a été « une année remarquable, meilleure année depuis vingt ans et un grand bonheur ».
Un bonheur notamment pour les deux favoris, plébiscités par le public. Avec douze nominations, « Un long dimanche de fiançailles », devrait remporter son content de statuettes. Le film de Jean-Pierre Jeunet, qui a attiré plus de 4,4 millions de spectateurs, est nommé pour les césars du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure actrice (Audrey Tautou), de la meilleure actrice dans un second rôle (Marion Cotillard). Mais « les Choristes », qui détient le record d'entrées en France (8,6 millions à ce jour), pourraient lui voler la vedette grâce à ses 8 nominations : notamment meilleur film et meilleur premier film, meilleur réalisateur (Christophe Barratier), meilleurs acteurs (Gérard Jugnot et François Berléand pour le second rôle).
Des surprises ne sont pas exclues puisque « 36, Quai des orfèvres », qui ressort aujourd'hui et a obtenu le prix Jacques Deray (décerné pour la première fois, pour distinguer le meilleur film policier français de l'année), a raflé également 8 nominations, dont celles d'Olivier Marchal, le réalisateur, Daniel Auteuil, l'acteur principal, André Dussollier et Mylène Demongeot pour les seconds rôles.
Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric défendent les couleurs de « Rois et reine », qui suit avec 7 nominations et est déjà auréolé du prix Méliès du meilleur film français, attribué par le Syndicat français de la critique.
Cinquième film enfin en lice pour la récompense suprême, l'outsider « l'Esquive », d'Abdellatif Kechiche. On se réjouirait que plusieurs de ses 6 nominations se concrétisent.
La cérémonie, présidée par Isabelle Adjani et présentée par Gad Elmaleh sera diffusée en direct et en clair par Canal+ samedi à partir de 20 h 35. En vedette américaine, Will Smith, qui recevra un césar d'honneur, ainsi que Jacques Dutronc.
Un aviateur, une boxeuse, Ray Charles...
Le lendemain, cap sur Hollywood pour les oscars. Martin Scorsese pourrait décrocher le premier de sa fructueuse carrière grâce à « Aviator », qui part favori avec 11 nominations. Suivent « Million Dollar Baby », de Clint Eastwood, qui raconte l'ascension d'une jeune boxeuse, et « Neverland », dans lequel Johnny Depp incarne le créateur de Peter Pan (sortie aujourd'hui en France), avec 7 nominations chacun. « Ray », de Taylor Hackford, a décroché 6 nominations, et « Sideways », d'Alexander Payne, déjà sacré par les Golden Globes, 5 nominations.
Leonardo DiCaprio, Clint Eastwood, Johnny Depp, Jamie Foxx, qui joue Ray Charles, et Don Cheadle (« Hôtel Rwanda ») sont concurrents pour l'oscar du meilleur acteur. Chez les filles : Hilary Swank la boxeuse, Annette Bening (« Being Julia »), Kate Winslet (« Eternal Sunshine of the Spotless Mind ») sont face à Catalina Sandino Moreno et Imelda Staunton, les émouvantes interprètes de « Marie, pleine de grâce » et de « Vera Drake ».
Déception en revanche pour deux grands succès aux États-Unis : « la Passion du Christ » n'est présent que pour la musique, le maquillage et la photo, tandis que la palme de Cannes, « Fahrenheit 9/11 » n'est pas cité. Peut-être pourra-t-il se contenter du césar du meilleur film étranger.
Côté français, « Un long dimanche de fiançailles » n'a pas obtenu les nominations attendues par son distributeur américain mais seulement deux citations techniques. « Les Choristes » en revanche, concourt pour l'oscar du meilleur film étranger, en concurrence avec « Mar Adentro », d'Alejandro Amenabar, et « la Chute », d'Oliver Hirschbiegel. Pour les insomniaques, Canal+ diffuse aussi la cérémonie, à 2 h 30, en crypté.
Carmen primée à Berlin
Le choix du jury du festival de Berlin, présidé par le réalisateur hollywoodien d'origine allemande Roland Emmerich (« Independence Day », « le Jour d'après »), est loin d'avoir fait l'unanimité. C'est à la surprise générale que l'Ours d'or du meilleur film est allé à une Carmen vivant dans un township sud-africain et parlant (chantant) en langue xhosa. Le Britannique Mark Dornford-May avait monté l'opéra de Bizet sur une scène sud-africaine et en a fait un film tourné dans le township de Khayelitsha.
Les Allemands se sont pour leur part réjouis des Ours d'argent remportés par le film « Sophie Scholl - les derniers jours » (Marc Rothemund meilleur réalisateur et Julia Jentsch meilleure actrice »), l'histoire d'un mouvement étudiant en lutte contre le nazisme. La France, bien représentée avec cinq films, a dû se contenter de l'Ours d'argent de le meilleure musique pour Alexandre Desplat (« De battre mon cœur s'est arrêté », de Jacques Audiard).
Figurent également dans ce palmarès non consensuel : l'acteur américain Lou Taylor Pucci (« Thumbsucker »), le Chinois Gu Changwei (Grand Prix du jury pour « le Paon ») et le Malaisien Tsai Ming-Liang (meilleur contribution artistique pour « Nuage au bord du ciel »).
Le film franco-allemand-néerlandais de Hany Abou-Assad, « Paradise now », qui met en scène deux kamikazes palestiniens, a reçu le prix de l'Ange bleu du meilleur film européen et le prix Amnesty International.
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