La dissection romantique

Publié le 26/01/2013

Alors voilà M. Y., 86 ans, qui vient pour une douleur thoracique. Bon examen, bonne échographie, bon diagnostic, mauvais pronostic : jamais vu quelqu'un aussi heureux d'apprendre qu'il a une dissection aortique non opérable.

Il sourit. On lui explique « en gros » comment son aorte peut s'ouvrir à tout moment et vider son jus dans l'abdomen et il sourit. Je demande aux infirmières s'il ne serait pas un peu dément. Elles ne savent pas. Il est là, sur son lit, presque content. 

Sa fille au téléphone : non M. Y. n'est pas fou, oui il a toute sa tête.
Voulez-vous savoir pourquoi il n'a pas l'air abattu ?
M. Y., 86 ans, est resté un peu jeune-homme : il est amoureux. 
64 ans de mariage, sa femme est morte il y a 9 jours.
Et moi, pauvre ingénu qui m'inquiétais pour rien, alors que je viens juste de lui apprendre que son deuil n'allait pas durer trop longtemps. 

J'aime bien comment la Mort est parfois tendre avec les vieux amoureux, je veux dire j'aime VRAIMENT comment la Mort est parfois tendre avec les vieux amoureux.


« Beaucoup de gens ne sont jamais jeunes. Quelques personnes ne sont jamais vieilles. » - G. B. Shaw.

 

Anecdote initialement publiée sur AlorsVoilà

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> Baptiste

Source : lequotidiendumedecin.fr