LES DÉCLARATIONS martiales qui suivent les attentats n'ont aucun intérêt. Si une attaque à la bombe peut se produire, c'est que les services de sécurité du pays concerné n'ont pas obtenu des renseignements d'importance vitale. On ne saurait cependant s'en prendre à ces services : ils luttent contre des ombres.
Le meurtre par la police de Scotland Yard d'un jeune Brésilien pris pour un terroriste constitue un cas consternant. C'est une autre victoire des terroristes : ils veulent semer le chaos dans les sociétés qu'ils bombardent, et suivent, à cet égard, une logique politique impressionnante. Il est très difficile de trouver le point d'équilibre où nous pouvons combattre efficacement le terrorisme sans commettre des erreurs graves comme celle de Londres et sans réduire nos libertés. Une réforme draconienne de notre mode de vie appuyée sur la seule sécurité risque de faire de nos démocraties des Etats policiers. On ne désapprouvera pour autant la décision de Scotland Yard de maintenir des consignes de tir qui ont pour objectif d'empêcher les terroristes démasqués de faire exploser leur charge. La moindre faiblesse dans le système de prévention et de lutte antiterroriste se traduirait par de nouveaux succès de nos ennemis.
Une menace concrète.
La fermeté est donc essentielle pour l'avenir immédiat. L'intégrisme fanatique n'est plus un sujet de thèse dont on débat dans les colloques : c'est une menace concrète et terrible. On ne conduit pas une guerre avec des gants. Des personnes qui semblaient parfaitement intégrées dans la société britannique ont été retournées rapidement contre la même société par des imams du Pakistan. Nous ne pouvons pas accorder la liberté de parole à des hommes qui passent leur temps à lancer des appels au crime. Il est bon qu'ils soient expulsés ou arrêtés. Le Royaume-Uni vient de payer cher pour la liberté d'expression qu'ils avaient accordée à des islamistes dont le discours de haine a donné le résultat que l'on sait.
DANS LE CHAOS VOULU PAR LES FANATIQUES, IL Y A UNE LOGIQUE POLITIQUE
Les péchés de la religion.
Il faudrait enfin que les intellectuels musulmans se décident à prendre parti et qu'ils nous disent si, oui ou non, ils sont hostiles à toute forme de violence aveugle. Il est trop facile de s'en prendre à Bush et à Blair qui, eux, n'ont jamais fait tuer délibérément des civils, parce qu'ils auraient commis un crime historique en envahissant l'Irak du dictateur Saddam Hussein.
Il faut que les chefs de file des mouvements culturels musulmans se prononcent sur ce point : indépendamment de l'Irak, indépendamment de la nature du régime égyptien, ne peuvent-ils pas condamner les crimes commis en Grande-Bretagne et en Egypte ?
On opposera à leur silence, qui traduit soit de l'animosité contre les Occidentaux, soit de la lâcheté, le comportement simple mais significatif de ces Egyptiens qui vivent du tourisme et qui ont manifesté contre le terrorisme à Charm-el-Cheikh. On leur demandera de méditer sur l'article d'un spécialiste de l'islam. Dans l'hebdomadaire américain « Time », Irshad Manji écrit : « Nous, musulmans, devons admettre que notre religion peut constituer une motivation pour les poseurs de bombes. » M. Manji réclame une lecture critique du Coran, comme il exige une lecture critique de la Bible, en rappelant que des chrétiens et des juifs ont déjà dénoncé les Scriptures sins, les péchés contenus dans les Ecritures saintes. A une jeune étudiante d'Oxford qui commentait une conférence qu'il venait de donner et expliquait les attentats par le sort social que le Royaume-Uni réserve aux musulmans, M. Manji a répondu qu'il croyait moins à un effet de la pauvreté (les terroristes du 7 juillet n'étaient ni misérables ni incultes) qu'à un problème de religion. Ce qui ne l'empêche nullement d'être un ardent musulman. Son dernier livre en date : « Le problème de l'islam d'aujourd'hui : un appel à l'honnêteté et au changement ».
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