La DHEA doit se plier à la réglementation du médicament et les professionnels de santé doivent être informés sur les données de la littérature et les risques potentiels encourus. En effet, l'efficacité de cette hormone dans la lutte contre le vieillissement n'est pas prouvée, ni même son innocuité sur le long terme, et les études disponibles sont insuffisantes. L'étude française DHEAge n'a pas montré d'activité pharmacologique directe, mais elle n'avait pas été conçue pour déposer une demande d'AMM. Une mise sur le marché demande des études à plus large échelle et à plus long terme. Comme avec toutes les hormones, une durée minimale d'utilisation de cinq ans est requise. Afin que les indications soient précises, il faudra cibler certaines conséquences du vieillissement (ostéoporose, maladies cardio-vasculaires). La DHEA est une hormone dont les effets indésirables dépendent des doses et de la durée du traitement. Le risque de stimulation de cancers hormonodépendants doit être évalué. Dans l'étude DHEAge, des signes d'hyperestrogénie chez certaines patientes avaient conduit à diminuer les doses. La DHEA est un traitement qui nécessite une surveillance stricte. Or l'engouement qu'elle a suscité l'a fait prescrire en dépit du bon sens : doses variables pouvant aller jusqu'à 100 mg/j chez des femmes à risque (antécédents de cancer du sein) ou en complément d'un traitement hormonal substitutif, alors qu'il s'agit de deux contre-indications.
Un taux bas de DHEA augmente le risque de décès*
En suivant pendant une période de huit ans une cohorte de 290 personnes âgées, les équipes des Prs Etienne-Emile Baulieu (INSERM U488, Le Kremlin-Bicêtre) et Jean-François Dartigues (INSERM U330, Bordeaux) ont trouvé une association entre un taux bas de sulfate de déhydroépiandrostérone (DHEA) et une élévation du risque de décès (x 2) dans les huit ans chez les hommes de 65-70 ans. Ce risque est encore plus élevé (x 7) si ces hommes sont fumeurs. En revanche, aucune association n'a été trouvée entre mortalité et taux de DHEA chez les femmes.
* « Proceedings of the National Academy of Science », 2001, vol. 98, n° 14, pp. 8145-50.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature