TOUT EN VOUS enveloppant d’un clin d’il ravageur, Galipette vous allège de votre manteau (et de 2 euros) dès votre arrivée à l’Artishow. Jusqu’à 23 heures, Galipette est dans la salle, à prendre les commandes et servir les plats, comme ses petits camarades. Une fois les tables débarrassées, il (elle) monte sur scène et devient tour à tour Dalida, Céline Dion et Madonna. Artishow est un petit cabaret transformiste, logée dans une ruelle du 11 e arrondissement de Paris, « le deuxième de la capitale », c’est-à-dire après le célèbre établissement de Michou à Montmartre, d’après son patron fondateur, l’imposante Framboise.
Framboise, qui « en civil », s’appelle Pascal Papazian, a d’abord été, dans une vie professionnelle antérieure, « Docteur » Papazian, uvrant au sein du ministère de la Santé au développement de la prévention des maladies sexuellement transmissibles au niveau des DRASS.
Un bac scientifique en poche, sa première orientation s’est faite un peu au hasard. « J’étais un élève plutôt brillant. Mais la médecine a été un choix par défaut. Je savais seulement que je ne voulais pas me lancer dans une prépa maths, notamment à cause de la mentalité de ceux qui s’y destinaient, auxquels je ne voulais sûrement pas ressembler ! », explique Framboise. Parallèlement à ses études de médecine à Paris, le futur Dr Papazian crée avec des amis une association de transformistes amateurs qui monte un spectacle, deux fois par an. « Nous évoluions dans le milieu gay et c’était la seule forme artistique que je connaissais bien et que j’appréciais, pour avoir justement des amis artistes ». « Pour moi, le transformisme est avant tout et véritablement une forme artistique. En aucun cas c’est une façon pour nous d’exprimer un mal-être vis-à-vis de notre sexualité », tient-il à préciser.
Il devient alors spécialiste en santé publique mais, rapidement, l’exercice de sa profession lui apparaît dans une grande désillusion, du moins en région parisienne où il souhaite pratiquer, ne laissant comme alternative à ses yeux que la pratique d’une « médecine de haute technologie à moins de faire de l’abattage ». Et lorsque dans le public se trouvent des confrères d’un temps révolu (des médecins donc), Framboise les trouve (en toute subjectivité...) « coincés, pas très épanouis ».
Vraie vocation.
En1997, il fait la rencontre de ses associés, Jean-Yves, qui travaille dans la restauration, et Jean-Jacques, garagiste (alias Mamyta), qui, ensemble, ont le projet de racheter un restaurant. « Je pensais pouvoir prendre un mi-temps mais je me suis vite rendu compte que ce serait difficile ». Pendant deux ans, Framboise doit lui aussi mettre la main à la pâte en cuisine avant de monter sur scène dans la même soirée, transformée en fillette, Nana Mouskouri ou prostituée. Aujourd’hui, l’entreprise compte quatorze salariés.
« Pour moi, la vraie vocation, précise Framboise, c’est la chanson. Même si j’avais échoué, j’aurais été content d’avoir été au bout de mon envie. Il se trouve qu’en plus, ça a réussi. » Il semble en effet qu’Artishow soit une affaire qui marche. Les spectacles tournent midi et soir. Avec beaucoup de déjeuners spectacle pour troisième âge. « On a une bande d’habitués », sourit Framboise. De vieux mais pas seulement. Framboise s’enorgueillit d’un public « de 3 mois à 107 ans ». Qui semble apprécier les confidences d’une poupée de cire de plus d’1 m 80 qui glisse à l’oreille de son public: « Sale temps pour les grosses ». Le spectacle change chaque année.
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