En Afghanistan, la guerre n'est pas finie. Des talibans et combattants d'Al Qaïda se sont regroupés à l'est du pays, dans une région montagneuse. Au nombre de 5 000 environ, ils constituaient une sérieuse menace pour le régime fragile de Hamid Karzaï.
Les Américains ont déjà tiré les leçons de la première campagne. Ils ont notamment constaté que, si leur stratégie, qui consistait à aider les forces de l'Alliance du Nord à conquérir le terrain, leur permettait de ne s'impliquer qu'indirectement dans la bataille, l'éradication des talibans n'était que partielle. Beaucoup de talibans passés à l'ennemi sont tentés de redevenir ce qu'ils étaient. Quant aux troupes d'Al Qaïda, elles sont décidées à combattre jusqu'à la mort. Elles se sont donc ressaisies après leur défaite, en dépit des terribles bombardements qui ont exterminé beaucoup de partisans de Ben Laden, lequel demeure introuvable.
Un coup décisif
Les généraux américains ont compris que, s'ils ne portaient pas un coup décisif, ils allaient retrouver très vite de nouveaux foyers de résistance.
Ils ont donc lancé leurs propres hommes dans cette deuxième guerre et ont essuyé des pertes relativement lourdes, neuf morts et deux hélicoptères abattus. M. Bush avait préparé l'opinion américaine à ces pertes. Il considère, sans doute avec raison, que la menace d'Al Qaïda n'est pas écartée. Il est impératif que le réseau de Ben Laden disparaisse d'Afghanistan, à la fois pour éviter des attentats ultérieurs en Occident et pour que la reconstruction du pays puisse avoir lieu sans tarder.
Les talibans ont payé cher leur soubresaut : on parle de 400 tués. Les officiers américains indiquent que la bataille ne sera terminée que lorsqu'ils se seront tous rendus ou qu'ils auront tous péri. Il n'est pas question en effet de laisser les seigneurs de guerre qui contrôlent les régions du pays passer des accords locaux avec les talibans ou les benladénistes. Le gouvernement central de Kaboul est déjà mis au défi par les chefs de guerre qui, pour des raisons qui relèvent plus du caprice ou du sens du pouvoir que de l'idéologie, ne se soumettent pas volontiers à un homme qu'ils considèrent comme un chef de clan.
Aussi bien M. Karzaï, dont la patience et la modération sont louées par tout le monde, n'est-il président que par intérim. Une loya jirga (assemblée coutumière) préparera des élections générales. Le risque est grand, néanmoins, que l'Afghanistan, toujours soumis à l'influence du Pakistan à l'est et à celle de l'Iran à l'ouest, se morcelle. La partie politique que joue M. Karzaï est donc extrêmement difficile.
Mais qui ne tente rien n'a rien et, dans l'immédiat, il faut que les puissances occidentales, qui ont pris des engagements chiffrés, apportent leur aide économique à la reconstruction, au déminage et à la préparation des prochaines récoltes. C'est cette aide qui fera sentir au peuple afghan la différence. Si, dans les grandes villes, un semblant d'ordre est revenu, le brigandisme de grands chemins fait des ravages, et le pays n'est pas sûr. Il faut donc rétablir les lignes de communication entre les villes, éliminer le banditisme et amener à résipiscence les chefs de guerre.
Une lente stabilisation
Lourde tâche que Hamid Karzaï ne peut seul mener à bien. C'est pourquoi les forces américaines, françaises et britanniques sont restées sur place. Les Américains liquident les poches de résistance, les Français et les Anglais assurent l'ordre et la sécurité des points stratégiques, comme les aéroports. Le travail est loin d'être terminé : les talibans et Al Qaïda sont retournés à leurs origines, le terrorisme et la guérilla. Heureusement, il y a aussi beaucoup d'Afghans de bonne volonté, notamment ceux qui ont une compétence professionnelle, qui s'étaient exilés et retournent dans leur pays natal. La stabilisation du pays prendra quand même des années.
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