Au cours de sa principale session annuelle, qui débute aujourd'hui pour huit jours (du 14 au 21 janvier), le conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) doit aborder un certain nombre de sujets techniques, dont la stratégie pharmaceutique de l'OMS, la rétention ou la destruction des stocks de virus variolique et l'usage délibéré d'agents chimiques et biologiques dans l'intention de nuire. Sur chacun de ces thèmes, les membres du conseil disposent d'un rapport qui constitue une base de travail dont « le Quotidien » détaille ci-dessous les principaux axes.
Les attentats commis le 11 septembre dernier contre les Etats-Unis et impliquant la communauté internationale ont conduit plusieurs pays à renforcer leur vigilance à l'égard d'une éventuelle guerre chimique ou bactériologique et donc à consulter l'OMS, référent en la matière. Par ailleurs, le développement galopant de l'infection par le VIH dans les pays en développement a rendu extrêmement vive la polémique sur l'accès des pays pauvres aux médicaments essentiels dont la liste doit être revue selon une nouvelle procédure, proposée par l'OMS.
- Stratégie pharmaceutique de l'OMS
Cette stratégie plaide en faveur d'une mise à jour de la liste modèle OMS des médicaments essentiels selon une procédure révisée. Les médicaments essentiels sont ceux qui répondent aux besoins de santé de la majorité de la population et qui doivent par conséquent être disponibles en tout temps et en quantité suffisante. La liste actuellement en vigueur, qui date de novembre 1999, recense 306 principes actifs (vaccins, contraceptifs, agents de prévention comme des insectifuges, etc.), dont 250 figurent dans les directives cliniques de l'OMS. Elle est révisée tous les deux ans depuis 1977, date de sa création.
Selon l'OMS, une description complète des médicaments essentiels pourrait tout d'abord inclure une définition : « Les médicaments essentiels sont ceux qui satisfont les besoins prioritaires de la population en matière de soins de santé. » Elle pourrait ensuite indiquer les critères de sélection : ils sont choisis « compte dûment tenu de la prévalence de la maladie, des éléments concernant l'efficacité et l'innocuité et d'une comparaison entre le coût et l'efficacité ».
Cette description pourrait enfin faire allusion à l'objet de l'élaboration d'une telle liste : « Les médicaments essentiels ont pour but d'être disponibles dans le contexte d'un système de santé opérationnel à tout moment en quantité adéquate, sous la forme pharmaceutique appropriée, avec une assurance de qualité et à un prix accessible pour les individus et la communauté. »
Les experts de l'OMS se préoccupent particulièrement du coût des traitements. Ils proposent qu' « un médicament ne sera pas exclu de la liste modèle en raison de son coût, s'il remplit les critères de sélection énoncés » et que « des comparaisons seront effectuées entre le coût et l'efficacité de différents médicaments du même groupe thérapeutique ». Par exemple, on déterminera le traitement pharmaceutique offrant le meilleur rapport coût/efficacité pour éviter la transmission mère/enfant du VIH.
- Destruction des stocks de virus variolique
Malgré les progrès considérables de la recherche sur le virus variolique, le comité consultatif OMS de la recherche sur le virus considère que « des éléments importants » de ces travaux, notamment l'amélioration et l'utilisation d'un modèle animal mis au point en 2001 et le développement d'antiviraux, « avaient peu de chances d'être achevés avant la fin 2002 ». Sa principale recommandation porte donc sur le fait « d'envisager sérieusement de repousser la date prévue pour la destruction des stocks de virus variolique, afin de permettre l'achèvement de l'essentiel des recherches ». Cette date avait été fixée « fin 2002 au plus tard ». Selon le comité, « de plus amples recherches finalisées, s'étendant au-delà de la date de destruction prévue de 2002, se (justifient) pour que la population mondiale puisse être convenablement préparée dans l'éventualité, improbable mais potentiellement catastrophique, d'une réémergence de la variole ».
- Usage d'agents chimiques et biologiques dans l'intention de nuire
Ces derniers mois, en raison des événements internationaux, les ministères de la Santé de plusieurs pays ont signalé qu'ils ont augmenté le niveau d'alerte relatif à l'usage malveillant de germes pathogènes ou de substances chimiques, tels les pesticides répandus dans l'air, dans l'eau ou dans la chaîne alimentaire. Divers scénarios ont été envisagés : propagation d'associations d'agents biologiques et chimiques, la dissémination simultanée et/ou l'utilisation de substances chimiques inconnues ou de micro-organismes génétiquement modifiés. Comme le rappellent les experts, l'action de base de l'OMS, dans ce domaine, consiste à renforcer les systèmes d'alerte et action à tous les niveaux.
L'OMS a présidé à l'élaboration d'un système « efficace et reconnu » d'alerte et d'action à l'échelle mondiale, à partir d'un réseau central s'appuyant sur des réseaux régionaux et sous-régionaux. Ce réseau mondial donne accès à des compétences techniques permettant d'alerter, de vérifier et de prendre les mesures voulues en cas de dissémination d'agents biologiques et chimiques pathogènes. Par exemple, pour réagir face à une maladie « provoquée intentionnellement », l'OMS peut avoir recours à une liste d'experts dont les compétences peuvent être mises à la disposition des Etats membres.
32 membres qualifiés
Le conseil exécutif de l'OMS est composé de 32 membres, élus pour trois ans et techniquement qualifiés dans le domaine de la santé. C'est en janvier que se tient la principale réunion du conseil, durant laquelle il décide de l'ordre du jour de l'assemblée mondiale de la santé et des résolutions à lui transmettre.
Une deuxième réunion du conseil - plus courte - a lieu en mai, juste après l'assemblée de la santé et porte sur des questions administratives. Les principales fonctions du conseil sont de faciliter le travail de l'assemblée, puis d'appliquer les décisions et directives qu'elle prend.
En effet, l'assemblée mondiale de la santé est l'organe décisionnel suprême de l'OMS. Elle se réunit une fois par an, en mai, généralement à Genève. Des délégations des 191 Etats membres y assistent. Sa principale fonction consiste à arrêter la politique de l'organisation.
Le secrétariat de l'OMS comprend environ 3 500 professionnels de la santé et autres spécialistes et personnels d'appui titulaires d'engagements à durée déterminée, répartis entre le siège, les six bureaux régionaux et dans les pays.
L'organisation est dirigée par le directeur général (actuellement le Dr Gro Harlem Brundtland), nommé par l'assemblée sur proposition du conseil exécutif.
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