L'EXCEPTION du mois s'appelle Jean-Paul Riocreux, qui, fort de sa fonction d'inspecteur d'académie pendant une trentaine d'années, estime dans «l'École en désarroi» (PUF) qu'il est possible de l'en sortir.
Parmi les ouvrages pratiques, «École primaire: ce que nos enfants doivent savoir» (Calmann-Lévy) présente et décortique via Claudine Proust, tout ce que l'école attend désormais des enfants. Réalisé par Pierre Madiot avec les enseignants des « Cahiers pédagogiques », «l'École expliquée aux parents (et aux autres)» (Stock) a pour ambition de rendre l'école compréhensible par ses usagers en les invitant à l'intérieur de l'institution.
Quant au «Rapport sur les maternelles» d'Alain Bentolila (Odile Jacob), il s'agit d'un plaidoyer pour une refondation de l'école maternelle, l'inscrivant dans le cadre de l'obligation scolaire et définissant ses objectifs, ses missions et fonctions.
Pédagogique aussi, «la Carte scolaire» (PUF), signée Agnès Van Zanten et Jean-Pierre Obin, étudie la carte scolaire comme instrument de régulation, sa mise en oeuvre locale, les stratégies des établissements et des familles.
De la carte scolaire, il est aussi question dans l'essai d'Eddy Khaldi et Muriel Fitoussi intitulé «Main basse sur l'école publique» (Demopolis), qui montre notamment comment sa suppression va bénéficier à l'école privée.
Commence là un festival de titres témoignant de l'école en crise. On citera au premier chef le pamphlet de Jack Lang à son successeur, «l'École abandonnée: lettre à Xavier Darcos, ministre de l'Éducation nationale» (Calmann-Lévy), qui s'élève en particulier contre les nouveaux programmes pour l'école primaire qui entrent ce mois-ci en vigueur.
Et on s'arrêtera à «Tableau noir: la défaite de l'école» (Denoël), le témoignage de Iannis Roder, un enseignant de collège en Seine-Saint-Denis, sur les réalités de l'école du XXIe siècle.
C'est aussi la Seine-Saint-Denis qui a inspiré Sébastien Clerc, et dans «Au secours! Sauvons notre école» (OH ! Éditions), il fait le bilan de six années d'enseignement dans un lycée professionnel, mettant en lumière les situations de violence verbale et la guerre d'usure menée par ses élèves.
Le constat d'échec est partagé quelle que soit l'expérience des auteurs. C'est ainsi que Nathalie Bertin, enseignante depuis trente ans, stigmatise dans «Surtout, pas de vague!: le témoignage d'une directrice d'école élémentaire» (Michalon) l'organisation du système éducatif, qui prive selon elle les directeurs de tout pouvoir de management.
À l'inverse, professeur débutant, Noam Soulat a choisi de brosser dans «Sur la photo de classe» (Calmann-Lévy), le portrait d'une vingtaine d'adolescents d'un collège de ZEP.
Plus ou moins aguerris, les professeurs feront certainement bon usage du «Manuel de survie à l'usage de l'enseignant: même débutant» (L'Étudiant), dans lequel François Muller, maître dans le primaire, propose la résolution de 200 situations-problèmes.
Et l'on ne manquera pas, côté littérature, la parution en Folio d' «Entre les murs» (Gallimard), dans lequel François Bégaudeau invite le lecteur une année durant dans un collège, selon une alternance implacable entre salle de cours et salle des profs ; on pourra voir dès le 24 septembre l'adapdation cinématographique de ce récit par Laurent Cantet, palme d'or du dernier festival de Cannes.
Rire quand même
Entre colère et désespoir, l'humour n'a pas complètement disparu.
Ainsi de Christian Muzyk et son « Cours des miracles : voyage au coeur de la communauté scolaire », paru chez Albin Michel. S'appuyant sur son expérience, ce professeur d'anglais, dans un collège du Nord, témoigne avec ironie de la non-existence de cette fameuse « communauté éducative » dont on entend si souvent parler, épinglant les travers des uns, les (mauvaises) habitudes des autres et regrettant, mais sans perdre pour autant son sourire, le temps où l'autorité était – relativement – incontestée.
Ce n'est pas un mais six « Petits guides déjantés », que publie Magnard, le temps pour Marie La Morue et Soph', deux jeunes enseignantes, de brosser, par le texte et le dessin et sur un ton décalé, un tableau de l'Éducation nationale à travers des portraits décapants. « Bienvenue à Profland », « Dans la cage aux fauves », « SOS, les parents débarquent ! », « Parlez-vous Mammouth ? », « Ils sont plus nuls que l'an dernier ! » et « Survivre en salle des profs » : tout un programme !
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