La dérivation ventriculo-péritonéale pourrait ralentir l'Alzheimer

Publié le 21/10/2002
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Une technique chirurgicale utilisée dans les années soixante-dix, puis abandonnée, est remise au goût du jour dans la maladie d'Alzheimer. Il s'agit de la dérivation ventriculo-péritonéale. Actuellement testée aux Etats-Unis, elle donnerait des résultats prometteurs sur l'évolutivité de l'affection.

La dérivation est le traitement habituel de l'hydrocéphalie à pression normale. Des travaux récents ont constaté un fait troublant chez les patients traités par cette technique. Parmi ceux qui étaient atteints simultanément d'une maladie d'Alzheimer, le déclin cognitif semble s'être stabilisé.
Partant de ce constat, Gerald Silverberg (Stanford, Etats-Unis) et coll. ont postulé que la maladie d'Alzheimer et l'hydrocéphalie à pression normale faisaient partie d'un même cadre d'affections, dont le déterminant primaire serait un trouble de la circulation du liquide céphalo-rachidien. Ils ont bâti une étude clinique, prospective, randomisée et contrôlée, au cours de laquelle ils devaient tester une dérivation ventriculo-péritonéale à bas débit chez des patients atteints de maladie d'Alzheimer. L'évacuation du LCR se faisant à un taux inférieur à celui utilisé dans l'hydrocéphalie à pression normale, afin de limiter les risques de surdrainage et d'optimiser le flux liquidien.
Douze patients ont été enrôlés et traités, tandis que onze autres, d'âges et de degré d'atteinte similaires, servaient de contrôle. Des tests d'évaluation ont été pratiqués dans les deux groupes, avant l'intervention, bien sûr, puis tous les trois mois.

Stabilité des troubles cognitifs

Les résultats ont de quoi satisfaire les médecins américains. Au bout d'un an, les sujets opérés avaient une relative stabilité des troubles cognitifs, tandis que ceux du groupe témoin montraient un déclin certain de leurs aptitudes.
Les auteurs reconnaissent que le nombre de patients « dérivés » est trop faible pour juger de l'absence d'effets secondaires de la méthode. En effet, celle-ci avait été abandonnée, voici une trentaine d'années, en raison d'un pourcentage « inacceptable » d'effets secondaires. Pour encourageants qu'ils soient, ces résultats préliminaires justifient donc une étude plus vaste et multicentrique. Elle est déjà mise en route.

« Neurology », 22 octobre 2002.

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7203