DANS LA POPULATION générale, le taux de prévalence de la dépression est évalué de 1 à 8 % ; en médecine générale, il atteint 50 % ; ce chiffre témoigne de l'importance de cette pathologie et de sa fréquence dans les consultations des médecins généralistes.
La femme est-elle plus vulnérable à la dépression ? Son expression est-elle différente ? Chez la femme comme chez l'homme, la symptomatologie de la dépression associe à des degrés divers : douleur morale, désintérêt, perte du plaisir, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive, inhibition psychomotrice, difficulté à se concentrer, troubles somatiques (insomnie, asthénie, anorexie...).
Dépressions atypiques. La particularité chez la femme est la fréquence des dépressions atypiques avec non plus les troubles classiques que sont l'anorexie et l'insomnie, mais une'hyperphagie et hypersomnie : les femmes déprimées « se vengent » parfois sur la nourriture et se réfugient dans le sommeil pour fuir l'affect dépressif.
La séméiologie comportementale de la dépression peut dans certains cas se traduire également par une tendance à la boulimie, aux achats compulsifs, remède dérisoire à une morosité passagère, par des réactions hypocondriaques, une dysmorphophobie.
Plus fréquentes également, quel que soit l'âge, les dysthymies sont caractérisées par des symptômes dépressifs chroniques, moins sévères, évoluant depuis plusieurs mois ; intriquées à des troubles de la personnalité à connotation affective, elles se traduisent par un mal-être, une tristesse, un manque de goût à entreprendre.
Les dépressions de type dysthymique répondent moins bien aux antidépresseurs.
Dépression du post-partum. La période du post-partum augmente la vulnérabilité et l'émergence des troubles psychiatriques chez la femme plus qu'à tout autre période de la vie.
Le syndrome du troisième jour ou « baby blues » est un trouble émotionnel caractérisé par une labilité de l'humeur qui dure une dizaine de jours. Ce syndrome très fréquent est bénin et disparaît de lui-même.
En revanche, 10 à 20 % des femmes souffrent de dépression du post-partum, dépression majeure qui survient de façon inaugurale durant l'année qui suit la naissance avec une plus grande fréquence dans les quatre semaines après l'accouchement. Elle peut durer de quelques semaines à quelques mois. Les signes et symptômes de la dépression post-partum sont semblables à ceux d'un épisode majeur survenant hors contexte de grossesse. Si la dépression n'est pas traitée, elle peut avoir des conséquences à plus ou moins long terme non seulement pour la femme et ses relations avec son enfant mais aussi sur le développement social, cognitif et émotionnel de ce dernier.
Traitement. Le traitement de la dépression est un traitement combiné associant un antidépresseur, le plus souvent en première intention, un inhibiteur de la recapture de la sérotonine avec une psychothérapie.
> Dr MICHELINE FOURCADE
Entretien avec le Pr Michel Lejoyeux (hôpital Bichat, Paris).
Pour en savoir plus :
- « Le Nouveau Malade imaginaire »,
Michel Lejoyeux, Editions Hachette
Littératures.
- « Du bon usage des psychotropes »,
Alain Gérard, Editions Albin Michel.
- « Vivre avec des hauts et des bas »,
Christian Gay, Editions Hachette.
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