Des perspectives en matière de traitement

La dépendance éthylique étudiée par l'imagerie fonctionnelle

Publié le 04/01/2006
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L'IMAGERIE fonctionnelle du système nerveux central fait appel à l'IRM « flair » et au PET-scan. Ces techniques soulignent un vif intérêt chez les chercheurs qui travaillent sur la dépendance à l'alcool. La spectroscopie par résonance magnétique a révélé que certaines molécules sont en quantité plus faible dans le cerveau des sujets alcooliques : la choline, la créatine, la noradrénaline. Et que cela refléterait une atrophie cérébrale.
Les femmes semblent plus vulnérables à l'alcool que les hommes. Si l'atrophie corticale est semblable dans les deux sexes, elle s'installe plus rapidement chez les femmes.
Certains résultats pourraient permettre de définir une base biologique pour mettre au point des traitements ciblés destinés à un individu donné.
Des chercheurs à l'aide d'un marqueur, la fluorodéoxyglucose (FDG), ont pu mettre en évidence au PET-scan une baisse du métabolisme cérébral après absorption d'alcool. L'étude des récepteurs a aussi montré des spécificités chez l'alcoolique. Les récepteurs DAD2 sont en nombre réduit chez les alcooliques et les anciens alcooliques sevrés. Et il existe une plus grande disponibilité des récepteurs opioïdes « mu » dans le striatum.

Stimulation visuelle par une image de chope de bière.
Est-il possible de prédire les conditions dans lesquelles un ancien alcoolique sevré risque de rechuter ? Des études récentes en neuro-imagerie le laissent penser. Cela pourrait passer par des processus émotionnels spécifiquement mis en jeu, qui ont été identifiés et localisés. Un essai a consisté à réaliser une stimulation émotionnelle dans le registre de la personne : par exemple, stimulation visuelle par une image de chope de bière.
On constate une augmentation du flux sanguin au niveau du striatum et du putamen des sujets alcooliques, qui n'est pas de la même ampleur chez des sujets contrôles.
Et on suppose que l'activation cérébrale pourrait être prédictive de rechute.
L'imagerie structurelle - scanner et IRM - montre clairement des différences entre les alcooliques et les sujets non dépendants. Les volumes de l'hippocampe et des amygdales cérébelleuses sont plus petits chez les alcooliques comparativement à des sujets sobres. Il semble même possible d'identifier avec précision les zones atrophiées.

Le rôle du gène CB-1 sur le volume de l'hippocampe.
Une étude génétique a été couplée à un examen de neuro-imagerie chez des sujets dépendants de l'alcool. Cela a révélé le rôle du gène CB-1 sur le volume de l'hippocampe. On a pu également établir une corrélation entre le génotype 5-HTT de la sérotonine et la réponse de l'amygdale aux émotions chez les sujets alcoolodépendants.
Certains de ces résultats pourraient permettre d'améliorer les traitements, mais il reste encore beaucoup à faire. Selon le Pr Karl Mann*, « il existe un retard significatif de la recherche sur l'alcoolisme en comparaison à d'autres problèmes de santé mentale. Le traitement médicamenteux pour la lutte contre la dépendance alcoolique en est à peu près au même stade que les antipsychotiques et les antidépresseurs il y a trente ans. La recherche scientifique a un impact fort sur la perception de la maladie mentale et sur les individus en quête de traitement. »

* Intervention du Pr Karl Mann (université d'Heidelberg, Allemagne) : avancées internationales en neurosciences et perspectives de traitement. Séminaire « Recherches sur l'alcool et l'alcoolisme », Paris.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7870