Depuis la fin de l’année 2005, la Guyane est confrontée à une épidémie de dengue. Les zones les plus touchées sont l’Ouest et le littoral. A ce jour, le sérotype dominant est le sérotype DEN-2 (180 DEN-2, 4 DEN-3 et 1 DEN-4 parmi les 185 isolements).
A cette date, et depuis le début de l’épidémie, 73 patients ont été hospitalisés, dont 11 cas de dengue hémorragique (dont un cas de transmission materno-foetale probable) et 54 cas de dengue sévère. Trois décès attribués à la dengue ont été signalés depuis début mars 2006 chez des enfants âgés de 7 mois, 4 ans et 6 ans.
La dengue est une maladie virale transmise par les moustiques du genre Aedes ( Aedes aegypti dans la Caraïbe). On distingue quatre sérotypes différents du virus de la dengue (DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4). Du fait d’une absence d’immunité croisée entre les sérotypes, des infections successives sont possibles chez un même individu. L’être humain représente à la fois le principal réservoir naturel pour les virus de la dengue et le disséminateur de la maladie.
Fièvre, maux de tête, courbatures, asthénie
La maladie se traduit par une forte fièvre accompagnée de maux de tête, de courbatures et d’asthénie qui peut durer plusieurs semaines. Elle survient 2 à 7 jours après une piqûre par un moustique infecté. La dengue est une maladie pour laquelle il n’existe ni traitement préventif, ni traitement spécifique, ni vaccin. La guérison s’accompagne d’une convalescence d’une quinzaine de jours. C’est une maladie qui, dans la majorité des cas, ne présente pas de complications.
Néanmoins, des formes cliniques graves ont été signalées en particulier aux Antilles au cours de l’épidémie 2005-2006. Ce sont les infections en rapport avec le sérotype DEN-2 qui ont entraîné l’incidence la plus élevée de complications et d’hospitalisations. Les formes sévères atypiques précoces se sont caractérisées par l’existence d’encéphalites, d’hépatite, de myocardite, de rhabdomyolyse ou de thrombopénie sévère survenant entre le premier et le troisième jour après le contact avec le vecteur. Au quatrième jour d’évolution pouvait survenir un syndrome d’épuisement avec signes digestifs. Ce syndrome, qui fait suite à la phase aiguë, est la conséquence directe de signes généraux prolongés (fièvre, déshydratation tachycardie...). Ils peuvent faire évoquer un début de dengue hémorragique accompagnée de signes de choc, mais il n’existe pas de signes hémorragiques majeurs ni de fuite capillaire. L’évolution est rapidement favorable lorsqu’une réhydratation est mise en place.
Guyane
D’un point de vue biologique, les formes graves se caractérisent par une thrombopénie, une élévation des transaminases et un syndrome d’hémoconcentration. Si ces signes sont intenses (moins de 50 000 plaquettes, transaminases à plus de 10 fois la normale), une hospitalisation est obligatoire. L’échographie abdominale permet de rechercher un épanchement pleural ou péritonéal, signe de fuite capillaire, et d’éliminer les complications intra-abdominales telles que la cholécystite alithiasique.
Fin avril 2006, en Guyane, 112 cas de dengue confirmés avaient été hospitalisés depuis le début de l’épidémie : 17 % pour la dengue hémorragique, 57 % pour la dengue sévère non hémorragique. Il s’agissait dans 13 % des cas d’enfants de moins de 5 ans, dans 21 % des cas de 5-14 ans et 63 % des malades étaient âgés de 15 ans et plus. Parmi les signes biologiques observés, une thrombopénie (moins de 100 000 plaquettes) a été notée dans 79 % des cas (56 % moins de 30 000 plaquettes), une augmentation significative de l’hématocrite dans 29 % des cas (dont plus de la moitié à plus de 20 % d’augmentation). Enfin, 17 % des patients présentaient un épanchement séreux.
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