Actuellement, on évalue à 196 000 le nombre total des médecins en activité. Parmi eux, on trouve 118 000 libéraux dont 67 000 généralistes et 51 000 spécialistes.
Ces chiffres globaux recouvrent une réalité complexe tant sur le plan de la répartition entre les différentes tranches d'âge que sur celui de l'évolution au cours des dernières années.
Un tableau permet de visualiser la situation en 1985 en 2001 et d'apprécier les variations
Age
|
1985
|
2001
|
Différence
|
- 30
|
7700
|
1200
|
|
30 / 34
|
35600
|
14900
|
|
35 / 39
|
36600
|
27200
|
|
40 / 44
|
18000
|
39100
|
|
Total 1
|
97900
|
82400
|
- 15500
|
45 /49
|
13000
|
43200
|
|
50 / 54
|
12000
|
39700
|
|
55 / 59
|
12000
|
16800
|
|
60 / 64
|
8300
|
8500
|
|
65 / 69
|
2000
|
3400
|
|
+ 70
|
1600
|
2000
|
|
Total 2
|
48900
|
113600
|
+ 64700
|
Total 1 + 2
|
146800
|
196000
|
+ 49200
|
Ces chiffres permettent de faire un certain nombre de constatations :
- en 1985, il y avait 98000 médecins de moins de 45 ans et 49000 médecins de plus de 45 ans.
- en 2001, il y a 82000 médecins de moins de 45 ans soit 16000 de moins qu'en 1985
- il y a 113000 médecins de plus de 45 ans soit 65000 de plus qu'en 1985.
Pour faire simple, en 1985, 33% des médecins avaient plus de 45 ans alors qu'en 2001 le proportion est montée à 58%.
Un groupe socio-professionnel qui vieillit
En 15 ans l'âge moyen des médecins a augmenté de 5 ans : il est passé de 41 à 46 ans.
Pour mémoire, l'âge moyen d'une population est égal au quotient de la somme des âges des membres d'une population par le nombre des membres de la population. L'augmentation de l'âge moyen d'une population s'appelle aussi le vieillissement de la population.
Dans l'idéal, l'âge moyen du corps médical ne devrait pas bouger. Ce serait la preuve que les départs à la retraite sont compensés par l'arrivée des jeunes installés. Si l'on estime que le nombre des médecins est insuffisant, en augmentant le numerus clausus, on permettrait à un nombre supérieur de jeunes de s'installer. L'âge moyen diminuerait.
Or les augmentations actuelles du numerus clausus sont dérisoires par rapport à la réalité et aux besoins dans les 20 années à venir. En effet, la décision d'augmenter le numerus clausus en 2002 de 15% permettra de créer 4700 nouveaux médecins en 2010 au lieu des 4100 prévus. Cette année là, c'est 7000 ou 8000 médecins qui partiront à la retraite...
Cela veut dire que déficit va continuer à s'accroître
Et la féminisation
Pendant ce temps, pour les meilleures raisons du monde et avec le talent qu'elles savent déployer lorsqu'elles ont décidé, les femmes ont investi la médecine.
Elles l'ont investie et le mouvement continue comme le prouvent les proportions actuelles des étudiantes et des étudiants en médecine actuellement dans les facultés.
La féminisation du corps médical a plusieurs aspects :
- 1 / Il ya un plus grand nombre de jeunes filles qui font des études de médecine. C'est la conséquence naturelle de l'accès des filles à toutes les filières de formation. Pour la médecine, dans une période où le numerus clausus ne variait pas, la proportion des étudiantes par rapport à l'ensemble des étudiants a été portée aux environs de 60%.
- 2 / Il y a une proportion de plus en plus grande de femmes qui utilisent leur diplôme de médecin.Par le passé, un nombre non négligeable de femmes n'utilisaient pas leur diplôme. C'est de moins en moins le cas.
- 3 / Les femmes investissent certaines spécialités : gynécologie médicale, dermatologie, endocrinologie-métabolisme, pédiatrie, elles sont majoritaires. Dans certaines spécialités chirurgicales, elles représentent entre le quart et le tiers des effectifs : chirurgie infantile, maxillo-faciale, plastique et reconstructrice, gynécologie-obstétrique, ophtalmologie.
- 4 / La proportion des femmes parmi les médecins en exercice augmente régulièrement. Sur l'ensemble du corps médical en exercice, leur proportion est passée de 25% en 1985 à 36% cette année.
Leur nombre est maintenant supérieur à celui des hommes pour ce qui concerne l'effectif global des moins de 40 ans. Leur nombre est également supérieur à celui des hommes chez les généralistes libéraux de moins de 40 ans
- 5 / le nombre moyen des actes effectués par les femmes est inférieur à celui effectué par les hommes
- 6 / La proportion des femmes exerçant à temps partiel est plus importante que celle des hommes.
- 7 / Le nombre des demandes d'exemption des gardes est important chez les femmes généralistes
Age
|
- 30
|
30 / 34
|
35 / 39
|
40 / 44
|
45 / 49
|
50 / 54
|
55 / 59
|
60 / 64
|
65 / 69
|
+ 70
|
Total
|
%
|
66
|
55
|
45
|
39
|
36
|
28
|
26
|
24
|
23
|
22
|
36
|
Ce tableau permet de constater que la féminisation du corps médical est une réalité vivante et croissante. On se rend compte que dans la tranche des moins de 30 ans, les 2/3 des médecins en exercice sont des femmes.
Si l'on regarde les chiffres des facultés de médecine, la proportion des jeunes filles inscrites continue à augmenter d'année en année.
La démographie : pas suffisamment manipulable pour les politiques
Les données démographiques sont des réalités que les responsables des ministères de la Santé et de l'Education nationale, vont pourtant bien devoir prendre en compte. Sinon la situation risque de devenir périlleuse pour la Santé publique. Ce serait, en tout cas, un meilleur argument à utiliser pour se faire entendre que d'évoquer le seul problème de la retraite des médecins en exercice. Sujet, bien entendu conséquence de l'imprévoyance générale mais qui n'intéresse pas grand monde en dehors des praticiens en cause.
Actuellement, dans bon nombre d'hôpitaux, des postes ne sont pas pourvus et on a autorisé des médecins à diplôme étranger à occuper un certain nombre de postes non pourvus. Tant mieux pour les malades. Mais pendant ce temps, des pays d'où sont originaires ces confrères manquent également de médecins. Alors certains jeunes, frais émoulus des facultés de médecine françaises s'en vont à travers le monde porter leurs soins à des populations dont une partie des médecins travaillent dans nos hôpitaux !
Ne nous avait-on pas dit qu'il ne fallait pas deshabiller Pierre pour habiller Paul...
Mais qui osera donc s'occuper, un jour, de démographie médicale ?
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