De notre correspondante
à New York
L ES facteurs de croissance du fibroblaste (FGF ou Fibroblast Growth Factor) régulent la croissance et la migration cellulaire et dirigent, par conséquent, le développement embryonnaire de plusieurs organes, dont le poumon et les membres. Cette famille comprend au moins douze facteurs.
Afin d'explorer in vivo la fonction de l'un de ces facteurs, le FGF9, Colvin (Washington University, Saint Louis) et coll. ont développé des souris qui portent une délétion homozygote du gène FGF9. Ils ont alors observé que ces souris déficientes en FGF9 meurent à la naissance, à cause apparemment d'un développement insuffisant des poumons. Mais ils n'ont pas tout de suite fait attention à la proportion des femelles par rapport aux mâles. Ce n'est que dans un deuxième temps, lorsqu'ils ont enfin dressé l'inventaire, qu'ils ont été fort surpris.
Un appareil reproducteur femelle chez des souris XY
« Nous cherchions la prostate chez les animaux nouveau-nés, mais nous ne pouvions pas la trouver », commente dans un communiqué le Dr Ornitz qui a dirigé ces travaux. En examinant les gènes des animaux, l'équipe s'est aperçue que la moitié des souris étaient bien génétiquement mâles (XY), mais que la majorité d'entre elles présentaient des organes reproducteurs grossièrement femelles, et qu'une toute petite minorité ne présentait que des testicules insuffisamment développés. « Nous en avons conclu que le FGF9 aide à déterminer le sexe mâle durant le développement embryonnaire », déclare le Dr Ornitz.
Le développement du système reproducteur de la souris est le suivant. Au 11e jour embryonnaire, les mâles et les femelles ont des gonades morphologiquement identiques ou « indifférenciées ». Entre le 11e et le 13e jour, il survient des changements spécifiquement mâles :
1) prolifération de l'épithélium cœlomique des gonades ; cette prolifération donne naissance aux cellules de Sertoli ;
2) migration des cellules mésonéphriques dans les testicules ; ces cellules contribuent à l'interstitium ;
3) organisation des cordons testiculaires.
Les testicules régulent ensuite le développement du système reproducteur mâle. Jusqu'au 13e jour, les deux sexes ont des canaux de Muller et des canaux primitifs. Les cellules de Sertoli produisent la substance MIS qui provoque la régression des canaux de Muller, lesquels, sans cela, formeraient les oviductes, l'utérus et le vagin. Les cellules de Leydig interstitielles produisent la testostérone et induisent ainsi le développement des canaux primitifs en épididymes, canaux déférents et vésicules séminales. Chez les femelles, l'absence de MIS et de testostérone testiculaires entraîne le développement des structures mullériennes et la régression des canaux primitifs.
Le gène SRY dans l'embryogenèse testiculaire
On connaît un autre gène qui dirige l'embryogenèse testiculaire : le gène SRY se situe sur le chromosome Y. L'expression testiculaire du gène SRY, qui code pour un facteur de transcription, est essentielle pour la migration et la prolifération des cellules mésonéphriques dans les testicules de la souris. Ce gène, absent chez certains mammifères, est présent chez l'homme. Ainsi, des mutations de SRY sont responsables de 10 à 15 % des inversions de sexe XY avec dysgénésies gonadiques.
Le FGF9, conservé à travers les espèces, « semble agir en aval de SRY pour stimuler la prolifération mésenchymateuse, la migration des cellules mésonéphriques, et la différenciation des cellules de Sertoli dans les testicules embryonnaires », notent les chercheurs. « Ces résultats suggèrent que le signal FGF9 pourrait contribuer chez les hommes à l'inversion du sexe XY. »
« Cell » du 23 mars 2001, p. 875.
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