L’avis du Pr Georges Serratice*

La définition des crampes est très précise

Publié le 20/11/2009
Article réservé aux abonnés
L’Observatoire de la Médecine Générale estime la prévalence des consultations pour crampes essentielles à 1%. Cette plainte reçoit-telle l’attention qu’elle mérite ?

C’est une doléance fréquente, mais attention à ce que recouvre le terme de crampes. La définition est précise : une contraction brutale involontaire, d’un segment de muscle, d’un muscle seul ou un groupe de muscle alors au repos, pour une durée de quelques minutes. On dénomme abusivement crampes les myalgies pures du mollet extrêmement fréquentes mais sans contracture, les dystonies professionnelles (la crampe des écrivains est une dystonie de fonction) et aux mal nommée “crampes“ d’effort sans activité électrique, et même les contractures antalgiques. Ce peut être aussi l’emploi abusif de termes totalement indépendants des crampes essentielles comme myogéloses ou fibromyosites, ces états douloureux des muscles liés à des états psychogéniques. Il est très important de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une crampe secondaire, notamment la crampe avec fasciculation marquant le début d’une sclérose latérale amyotrophique ou le syndrome crampes-fasciculations d'origine neuromyotonique lié à une canalopathie potassique voltage dépendant. Les crampes-fasciculations bénignes d’origine distale évoluent sur des terrains anxieux, 11 fois sur 12 chez l’homme mais plus jeunes avant la cinquantaine.

Quelle est la démarche diagnostique, sachant qu’il est rarissime de réaliser un électromyogramme de crampe ?

Les contractures métaboliques surviennent après un effort et en cas de doute, l’examen le plus informatif est le dosage de l’élévation de l’acide lactique à l’effort. Une courbe ascendante confirme une consommation normale du glycogène. Sinon, il s’agit d’un défaut de phosphorylase musculaire, un trouble du métabolisme glycolytique illustré par la maladie d’Ardle. Le dosage de la créatine kinase sérique doit être normal ou peu augmenté. La place de la biopsie musculaire reste utile dans les formes rebelles, à la recherche d'anomalies enzymatiques ou mitochondriales.

*Spécialité neurologie et maladie neuromusculaires (Marseille) et membre de l’Académie nationale de Médecine

Source : Le Généraliste: 2505