On connaissait jusque-là les traditionnelles oppositions aux vaccins et les dégâts dans l’opinion publique de la gestion de la campagne antigrippale H1N1 de 2009-2010. Mais la polémique a pris de l’ampleur le 13 mars 2012. Ce jour-là, les députés du groupe d’études sur la vaccination ont énoncé 11 recommandations semant le doute sur l’innocuité des vaccins, un travail pourtant non reconnu en tant que document parlementaire par le président de l’Assemblée Nationale de l’époque. Il n’en reste pas moins que, depuis, l’idée que les députés sont en faveur d’un moratoire sur les vaccins avec adjuvants aluminiques est ancrée dans l’esprit du grand public. D’autant plus que, fin novembre, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré : « Je souhaite que la recherche se poursuive sur la présence d'aluminium dans les vaccins », alors qu’elle réagissait sur la grève de la faim entamée par l’association de patients E3M (malades de la myofasciite à macrophages) qui milite contre les adjuvants aluminiques. Ainsi, le discours scientifique se voit fortement contrebalancé comme le note Pierre Bégué, membre de l’Académie de médecine?: « En 2012, les vieilles controverses sur l’obligation vaccinale, mais aussi sur les adjuvants ont désormais un support médiatico-politique bien affiché, en l’absence même de nouveaux arguments ! »
Toutefois, les vaccinations sont loin d’être boudées par les Français. La couverture vaccinale des enfants est globalement satisfaisante, à l’exception du ROR et de l’hépatite B pour l’adolescent et l’adulte. On notera toutefois – dans le rapport de l’InVS du 20 novembre intitulé Mesure de la couverture vaccinale en France – des couvertures vaccinales insuffisantes mais stables pour le rappel coqueluche à l’adolescence, le vaccin ROR 1re dose et les rappels DTP décennaux chez l’adulte. Ce document indique aussi des taux de couverture insuffisants mais en progression pour : le ROR 2e dose, l’hépatite B, le vaccin pneumocoque conjugué et le vaccin anti-méningocoque C. Enfin, pour l’HPV, on note un taux de couverture insuffisant et en baisse.
En ce qui concerne la coqueluche, la vaccination demeure problématique car la stratégie du cocooning ne fonctionne pas et on s’interroge encore sur la stratégie des rappels à instituer chez l’adulte.
Quant à la rougeole, elle poursuit son retour en force depuis 4 ans. Elle atteint désormais les nourrissons, les enfants et aussi les adultes. En 2011, plus de 14 000 personnes ont été infectées, 721 ont été atteintes de pneumopathies graves et six sont décédées. Rien qu’au 1er semestre 2012, on a répertorié 580 cas de rougeole. Enfin, 2012 aura apporté au calendrier vaccinal de légères modifications concernant surtout les personnes à risque : ajout des femmes enceintes et ceux dont l’IMC est au moins égal à 40 kg/m2 pour la vaccination contre la grippe saisonnière,
des personnes à risque à partir de l’âge de 5 ans pour celle contre les infections invasives à pneumocoque, et des enfants originaires de Mayotte pour le BCG.
Le regard de... « SOS Hépatites »
La bonne nouvelle de 2012 est incontestablement « la reprise des taux de vaccination anti-hépatite B du nourrisson avec un taux de 64,6 % à deux ans », se félicite Pascal Melin, président de SOS Hépatites. La capacité des médecins de rassurer les parents sur l’innocuité du vaccin et surtout l’existence d’un vaccin hexavalent y sont pour beaucoup. Avec un bémol : les ligues anti-vaccinales souhaitent aller devant la justice pour contrer l’association dans une même seringue de vaccins obligatoires et de l’hépatite B. En regard, la mauvaise nouvelle est « que nous faisons face aujourd’hui – du fait du frein à la vaccination VHB il y a plus d’une décennie – à une génération entrant dans la sexualité qui n’est pas protégée, déplore Pascal Melin. Aucune stratégie de rattrapage de ces jeunes n’est envisagée, alors que les équipes de transplantation hépatique constatent l’émergence d’hépatites aiguës fulminantes… Et les politiques restent muets ». Enfin, attention aussi au désarmement trop précoce des dispositifs contre l’hépatite B. La France arrive en tête de l’indice européen de performance pour la lutte contre les hépatites en 2012 et, pourtant, au début du mois de décembre, on ne savait toujours pas si le plan national était reconduit pour 2013-2016. Quant aux Tests Rapides d'Orientation Diagnostique (TROD), Nora Berra, alors secrétaire d’État chargée de la Santé, avait promis en novembre 2011 de les valider pour fin 2012. Une promesse qui n’a malheureusement pas été tenue.
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