En 1995, puis 1999, l’équipe d’Isao Sakaida (université Yamaguchi, Japon) a rapporté que la déféroxamine peut prévenir les atteintes hépatiques par acétaminophène et le développement de lésions prénéoplasiques induites chez le rat. Elle proposait l’utilisation de ce chélateur du fer comme agent anti-cancer, étant donné ses propriétés antiprolifératives : arrêt du cycle cellulaire, induction de l’apoptose.
La même équipe rapporte maintenant l’utilisation de la déféroxamine chez 10 patients (6 hommes, 4 femmes, moyenne d’âge de 64 ans) atteints d’un carcinome hépato-cellulaire avancé ne répondant pas à la chimiothérapie intra-artérielle.
Sept patients avaient une infection par le virus de l’hépatite C, deux une infection par le virus de l’hépatite B et un n’avait ni l’une ni l’autre de ces infections.
Selon les critères du Liver Cancer Study Group of Japan, les patients étaient aux stades II (1 patient), IVA (5 patients) et IVB (2 patients). Quant à la classification de Child-Pugh (fonction hépatique), les patients étaient au stade A (3 patients), B (5 patients) et C (2 patients) ; la classe A (score de 5 ou 6) indiquant la maladie la moins sévère, la classe B (score de 7 à 9) une maladie modérément sévère et la classe C (score de 10 à 15) la maladie la plus sévère.
Les patients ont reçu une perfusion intra-artérielle de déféroxamine à la dose de 10 à 80 mg/kg en vingt-quatre heures tous les deux jours. La déféroxamine a été en moyenne administrée à 27 reprises (de 9 à 78). Deux patients avaient une réponse partielle ; 3 une stabilisation de la maladie et 5 une progression de la maladie. Globalement, le taux de réponse a été de 20 %.
Les taux de marqueurs tumoraux (alpha-fœtoprotéine [AFP], des-gamma-carboxyprothrombine [DCP], alpha-fœtoprotéine L3 [AFP L3]) ont diminué chez les patients présentant une réponse partielle. Le taux de survie à un an a été de 20 %. Quant aux effets secondaires, 4 patients ont présenté une pneumonie interstitielle de grade 2 ou 3 et 1 a présenté une dysfonction rénale de grade 2 ; toutefois, aucun effet adverse de grade 4 n’a été observé.
Il est intéressant de s’attarder sur le cas d’un des patients, un homme de 62 ans, qui, au départ, présentait une tumeur hépato-cellulaire massive avec de multiples petites métastases pulmonaires (stade IVB), avec une classe B de Child Pugh. Deux mois après les perfusions artérielles de déféroxamine (à la dose de 50 mg/kg/j), on ne pouvait plus distinguer aux scanners la tumeur hépatique et les métastases pulmonaires. De plus, les taux des 3 marqueurs tumoraux (AFP, AFP L3, DCP) ont nettement diminué. Ce patient a été considéré comme ayant une réponse partielle. Il a survécu 20,9 mois.
Le sorafenib a montré son intérêt (accroissement de la survie) chez les patients ayant un carcinome hépato-cellulaire avancé avec fonction hépatique préservée (classe A de Child-Pugh). « La déféroxamine pourrait mériter d’être testée chez les patients présentant un carcinome hépatocellulaire avec classe B ou C de Child-Pugh », concluent les auteurs.
Takahiro et coll. « New England Journal of Medicine » du 11 août 2011, pp. 576-577.
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