La médecine générale est la grande oubliée de l'arrêté du 15 octobre. La discipline dispose depuis deux ans d'un diplôme d'études spécialisées (DES), mais n'est toujours pas représentée au Conseil national des universités (CNU). Les syndicats de médecins et d'internes s'en offusquent. « En oubliant ainsi la médecine générale, on met inutilement de l'huile sur le feu, lance le Dr Michel Combier, président de l'Union nationale des omnipraticiens français (Unof, branche généraliste de la Csmf). On traîne depuis des années, on laisse les confrères hospitaliers avoir assez de bras pour faire tourner leurs services, alors que le problème ne devrait plus se poser de la sorte. On parle aujourd'hui de santé publique : comment fera-t-on demain sans médecins généralistes ? »
Délaissée par les étudiants lors du dernier choix de spécialité d'internat - un millier de postes vacants sur 4 803 ouverts -, la médecine générale ne fait plus recette. Le président de l'Unof s'en inquiète : « Les actes ne suivent pas les paroles. On parle de revaloriser la médecine générale, et que fait-on ? On reconnaît la médecine d'urgence, qui n'est pas forcément le premier recours à la médecine, et la gynécologie médicale, qui n'est pas forcément le premier recours des femmes à la médecine. »
Titularisation.
MG-France vit également comme une provocation l'absence de la médecine générale dans cet arrêté. Du coup, le syndicat demande la parution sans délai d'un arrêté complémentaire créant une sous-section de médecine générale au sein du CNU. « Nous exigeons la reconnaissance de la médecine générale, la titularisation des enseignants de médecine générale et des maîtres de stage, l'ouverture de l'enseignement et de la recherche aux internes de médecine générale et l'alignement sur la valeur du CS (25 euros) des actes de tous les médecins généralistes », clame le Dr Pierre Costes, président de MG-France.
Les internes de médecine générale s'étonnent, de leur côté, que leur spécialité soit la seule qui ne soit pas représentée par une section ou une sous-section au CNU. « Avec 5 000 internes, la médecine générale est la spécialité bénéficiant du plus gros effectif, et la création du DES de médecine générale n'a fait qu'entériner l'impressionnant travail de développement de la recherche et de l'enseignement effectué par les généralistes », relève l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). Les internes se défendent de faire un « caprice administratif ». « L'entrée de la médecine générale au CNU et la titularisation de ses universitaires permettraient d'améliorer grandement la visibilité de la discipline auprès des étudiants », assure l'Isnar-IMG, irrité par le mépris des ministères de tutelle.
Chez les enseignants, le ton est plus mesuré. « Nous travaillons actuellement avec les ministères de l'Education nationale et de la Santé au sein d'un groupe de travail pour mettre en place une sous-section universitaire de médecine générale. Après la parution de cet arrêté, je vais demander que le rythme de travail s'accélère », commente le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège national des généralistes enseignants (Cnge). La filière universitaire est d'autant plus attendue que les premiers internes de médecine générale seront diplômés en 2007.
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