« LA PETITE danseuse de 14 ans ». Sans doute l’œuvre la plus célèbre de Degas (1834-1917) et de l’histoire de la sculpture. L’artiste avait présenté cette pièce pour la première fois en 1881, lors de la sixième exposition impressionniste. L’hyperréalisme de la gracieuse figure féminine en cire, les éléments de tissu et de cheveux authentiques ajoutés à la sculpture, toutes ces audaces furent considérées comme révolutionnaires (et scandaleuses) en leur temps, si bien que Degas ne soumit plus jamais par la suite au public ses sculptures. Elles restèrent quasiment inédites jusqu’à sa mort.
Depuis 1930, le musée d’Orsay conserve l’une des 22 séries de bronzes originaux réalisés par le fondeur Hébrard à partir de cires trouvées dans l’atelier du peintreà son décès, parmi lesquels cette « Petite danseuse ». Cette série (environ 70 pièces) quitte exceptionnellement l’institution parisienne et s’expose au superbe musée d’Art et d’Industrie André Diligent de Roubaix, appelé La Piscine. Des toiles, dessins, pastels, gravures (inspirés par les thèmes du nu, de la danse, du cheval…) empruntés à des collections privées ou à d’autres musées, complètent l’exposition.
Dans les esquisses de Degas, souvent réalisées d’après l’Antique et à la fois caractéristiques de la solide tradition héritée d’Ingres ou de Raphaël et d’une étonnante modernité, l’on remarque avec intérêt l’utilisation du ronde-bosse et la référence à la troisième dimension. Quelques photographies prises par Gauthier dans l’atelier de Degas à sa mort sont d’un grand intérêt. Ces images peu montrées prouvent combien les modelages en cire occupaient l’espace de création de l’artiste.
L’art en trois dimensions de Degas conjugue l’audace et le classicisme. Une ardeur, une ferveur habitent ces sculptures dans lesquels se lisent un souffle de vie énergique, une expressivité inégalée du geste, du modelé, de la forme...
La Piscine, 23, rue de l’Espérance, tél. 03 20 69 23 69. Tlj sauf lundi, de 11 à 18 heures (vendredi jusqu’à 20 heures, samedi et dimanche de 13 à 18 heures). Jusqu’au 16 janvier. Catalogue, éd. Gallimard, 256 pages, 39 euros.
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