Le Généraliste. La tutelle régionale sur la médecine de ville est nouvelle. Quels sont les moyens financiers pour accomplir cette mission ?
La tutelle n’est pas le bon mot. Les ARS ont une responsabilité transversale mais pas de même nature sur les trois champs que sont la ville, l’hôpital et le médico-social. Sur la ville, la priorité consiste à établir un constat partagé. L’enjeu est de se mettre d’accord sur les zones où sont les besoins, où il y a des manques. L’ARS dispose plutôt d’outils incitatifs, que ce soit l’appui aux maisons de santé pluridisciplinaires, aux pôles de santé, mais aussi tout ce qui est autour des contrats de santé publique, de la permanence des soins. Chacune des aides dispose de son propre financement. La loi HPST a par ailleurs prévu des modalités de contractualisation, une option qui n’a pas encore été mise en œuvre.
Comment les ARS appréhendent-elles la médecine libérale, compte tenu du fait que l'Assurance-maladie contractualise toujours avec les médecins libéraux ? Comment les choses s'articulent-elles ?
Ca ne s’articule pas trop mal dans le sens où on a une vision et des prérequis communs. Le paiement à la performance, par exemple, vise des objectifs de santé publique que l’Etat a aussi fixés aux ARS. Le conseil national de pilotage a contractualisé avec les 26 ARS sur quelques objectifs que l’on retrouve dans les projets des ARS, que ce soit par exemple sur la vaccination ou encore les dépistages des cancers. On voit qu’il y a une logique qui se déploie des deux côtés.
Quelle est la place de la médecine générale dans les projets des ARS ?
Les ARS ont comme ambition de travailler sur les besoins des patients. L’objectif est d’améliorer les prises en charge. La médecine générale et le médecin traitant sont centraux dans cette approche. La question est de savoir comment on met en place un premier recours avec une meilleure articulation entre la ville et l’hôpital. L’ARS d’Ile-de-France par exemple travaille sur un projet autour des hôpitaux de Bichat et Lariboisière avec les professionnels de santé libéraux à propos de la prise en charge des personnes âgées. Il s’agit de retrouver la bonne place du médecin traitant.
Quel rapport les ARS entretiennent-elles avec les URPS ?
Les URPS sont à peine créées. Ça se met doucement en place. Actuellement, URPS et ARS réfléchissent à la bonne manière de travailler ensemble. C’est le cas par exemple de l’ARS Ile-de-France qui a signé une convention avec l’URPS médecins. Dès que l’on rentre sur des questions concrètes, on voit que les choses avancent. La culture libérale dans les ARS se développe.
Les ARS ont-elles les moyens juridiques et budgétaires de mener des projets avec la médecine de ville ? Les SROS ambulatoires ne sont pas opposables par exemple...
On n’a pas toujours forcément besoin de crédits pour agir. Il faut avoir des objectifs communs. S’il y a un diagnostic partagé sur la démographie par exemple, si l’on est d’accord pour dire qu’il faut développer les stages des internes en cabinets de ville, in fine on encourage l’installation. Cela ne nécessite pas d’être financé en tant que tel. Il n’empêche, les ARS ont de quoi redéployer à partir des crédits existants. Il peut s’agir d’une meilleure utilisation de l’hôpital local par exemple, de mettre en cohérence les projets de chacun des acteurs, de s’accorder sur un schéma de développement du territoire. Et puis, la réunion des acteurs en conférence de territoire produit des effets vraiment positifs.
Dans quels domaines les ARS interviennent-elles le plus ? Quelles sont leurs priorités sanitaires ?
E.W. Leur première préoccupation, c’est l’accès aux soins, auquel s’ajoute une réflexion sur les parcours des patients autour des maladies chroniques notamment. La région Languedoc-Roussillon travaille notamment sur la prise en charge des patients post-AVC. Chaque région a pris un sujet qui a du sens localement. On avait défini quelques grands domaines que l’on retrouve dans les projets des ARS, que ce soit le handicap, le vieillissement, la périnatalité, les maladies chroniques ou encore la santé mentale. Après tout dépend du diagnostic régional : c’est à partir de là que sont fixées les priorités des ARS.
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