La 14e UNIVERSITÉ d'été de la CSMF s'ouvre aujourd'hui à Cannes. Ce rendez-vous de rentrée, qui réunira 200 cadres de la confédération, sera placé sous le sceau de la réforme hospitalière. Mais l'événement se déroulera cette année dans un climat particulier.
Le premier syndicat de médecins libéraux s'est publiquement alarmé ces dernières semaines des orientations du gouvernement dans les projets de loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2009. La CSMF est monté au créneau pour dénoncer une étatisation du système de santé et décrier un retour à la maîtrise comptable, dont le plus grand symbole serait le retour des lettres clés flottantes. La ministre de la Santé a tenté d'éteindre le feu. Elle a assuré à l'ensemble des syndicats de médecins libéraux qu'elle n'avait avalisé aucune des mesures rédigées par la direction de la Sécurité sociale dans cette première version du PLFSS 2009 (« le Quotidien » du 15 septembre).
Tâche difficile.
Devant les cadres du Syndicat des médecins libéraux, Roselyne Bachelot a une nouvelle fois essayé d'apaiser les esprits, assurant que des «interprétations hasardeuses ont pu être faites sur le fondement de prétendues mesures jamais portées à [sa] connaissance». Après le cafouillage entourant ces annonces, elle devrait, samedi, poursuivre son entreprise de « réconciliation » avec les cadres de la CSMF. La tâche ne sera pas facile. La ministre de la Santé tient en effet depuis quelques semaines plusieurs langages aux médecins libéraux. Il est question d'inscrire dans la loi HPST les missions de la médecine générale et la définition du premier recours, mais le passage du C à 23 euros reste plus que jamais conditionné aux résultats de la maîtrise médicalisée.
La ministre assure vouloir respecter le principe de la liberté d'installation, mais elle souhaite rapidement «une régulation de la démographie médicale».
De surcroît, plusieurs dispositions prévues dans les projets de loi vont imposer aux praticiens un devis pour les actes de plus de 70 euros. Le texte envisage aussi de sanctionner davantage les médecins qui refuseraient les patients en CMU, qui pratiqueraient des dépassements d'honoraires abusifs et qui refuseraient une réquisition ou qui ne respecteraient pas l'affichage de leurs tarifs. Dans ce dernier cas, la ministre de la Santé a ainsi indiqué mercredi, dans un entretien à « Libération », vouloir rendre «les sanctions plus effectives» et «plus rapidement applicables». Dans ce contexte, la ministre de la Santé assure pourtant ne pas travailler «contre les médecins, mais avec les médecins».
Le Dr Michel Chassang reconnaît que le climat actuel n'inspire pas à l'enthousiasme. Le président de la CSMF a ainsi demandé la semaine dernière un bilan «objectif, sincère et incontestable» de la réforme de 2004 pour éviter «une présentation partisane des chiffres» de l'assurance-maladie. Toutefois, le Dr Chassang dit ressentir «incontestablement des signes politiques d'apaisement». «On a l'impression, dit-il, que la ministre de la Santé perçoit les dangers des textes que lui concocte son administration. Tout cela mérite d'être aujourd'hui vérifié dans les textes. Si les membres du gouvernement prennent conscience que les choses ne vont pas et veulent changer de direction, c'est une bonne chose, commente Michel Chassang. La situation est difficile, à nous de la surmonter ensemble. La CSMF n'est pas un opposant au gouvernement actuel, nous jouons simplement notre rôle de syndicat avec les gouvernements de gauche ou de droite. Nous ne faisons pas de politique. »
La crainte de l'étatisation.
Les responsables de la confédération assurent qu'un bon accueil sera réservé à la ministre de la Santé à Cannes. Le Dr Jean-François Rey, président de l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE), reconnaît toutefois que le «climat est tendu.Les spécialistes sont très inquiets car ils ont l'impression que le gouvernement Fillon oublie l'existence des spécialités cliniques, il n'y en a que pour les soins primaires». Pour le leader de l'UMESPE, le récent refus du ministère de la Santé d'avaliser l'acte de consultant (C2) pour certaines spécialités cliniques, alors que l'accord a été signé il y a plus d'un an, en est une preuve supplémentaire. Les spécialistes de la CSMF redoutent par ailleurs une nationalisation « à l'anglaise » du système de soins avec des médecins généralistes en ville et des spécialistes à l'hôpital. Enfin, le chef de file de l'UMESPE déplore les «attaques constantes» contre les dépassements pratiqués par une frange de médecins alors que 99 % d'entre eux font normalement leur métier. «Ne faisons pas des médecins libéraux de petits délinquants», clame le Dr Rey, pour qui cet effet médiatique a pour objet «de mieux faire passer la nationalisation de la médecine». Les généralistes de la confédération attendent pour leur part une réponse ferme sur le passage du C à 23 euros. «Nous avons assez attendu, commente le Dr Michel Combier, président de l'Union nationale des omnipraticiens de France (UNOF). Les généralistes ont joué le jeu de la maîtrise médicalisée. Ils attendent un retour sur investissement.» Après un examen de passage plutôt réussi à l'université d'été du SML, la semaine dernière, Roselyne Bachelot aura fort à faire pour gagner l'adhésion des cadres de la CSMF. Et reconquérir les médecins libéraux. Dans le dernier sondage IFOP-« le Quotidien du Médecin », seulement 44 % des praticiens interrogés ont dit faire confiance à la ministre de la Santé (« le Quotidien » du 8 septembre). Ils étaient 62 % en mai 2007.
Loi Bachelot : des perspectives pour un juste soin, selon MG-France
Après avoir analysé le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires en comité directeur, MG-France estime que ce texte va permettre de réorienter le système de santé vers «le juste soin». Le syndicat se félicite «des avancées majeures pour la médecine générale de premier recours» contenues dans ce projet de loi. Ces perspectives confortent la filière universitaire de la discipline avec la création de nouveaux postes d'interne. MG-France salue la définition des missions des généralistes, mais indique qu'il restera «exigeant sur la réaffectation des moyens financiers pour développer les soins de premier recours».
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