DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
C'est sous le soleil de Ramatuelle (Var) que 250 responsables départementaux de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) ont fait vendredi leurs retrouvailles à l'occasion de leur 10e université d'été. Mais nombre de ces cadres syndicaux « ne sont pas dans l'euphorie », comme le résume l'un d'eux, le Dr François Rahmani, venu exprès de l'île de la Réunion. « C'est une période difficile pour les médecins libéraux, surtout les spécialistes. On est confronté à la démotivation de nos jeunes confrères qui ne veulent ni faire des remplacements ni racheter notre clientèle, et nous avons des problèmes pour investir, compte tenu des contraintes économiques insupportables », déplore cet ophtalmologiste. Le Dr Rahmani voudrait entendre « un message clair » des tutelles et savoir si l'on se dirige vers « l'asphyxie ou le développement de l'activité libérale », à l'heure où l'hôpital a « toujours plus ».
La Ccam crée l'impatience.
Descendu du Calvados, où les coordinations sont particulièrement actives, le Dr Gérard Lemarinier lâche au président de la Csmf : « Les spécialistes démobilisés là-bas ne croient plus en rien. » Le Dr Christian Augareils, rhumatologue à Toulouse, reconnaît que ses confrères de Midi-Pyrénées sont « dans l'attente en ce qui concerne la Ccam » (Classification commune des actes médicaux qui doit se substituer à la nomenclature actuelle). Le Dr Augareils note que la date d'application n'est « pas certaine ». « Cela fait deux fois qu'on la reporte (du 1er juillet au 1er octobre puis au 1er décembre, ndlr), pourquoi pas trois ? » Sans parler des modalités de l'articulation entre Ccam et tarification à l'activité (T2A), du double codage dont le démarrage pourrait entraîner « des paiements au lance-pierre pendant deux mois » pour les actes en tiers payant.
Le Dr Jean-François Rey, chef de file de l'Umespe, la branche spécialiste de la Csmf, admet qu' « il y a des inquiétudes y compris pour les spécialités gagnantes, comme les anesthésistes-réanimateurs », dont les honoraires augmenteront en moyenne de 12 % grâce à la Ccam, mais perdront 20 % sur les péridurales.
Du côté des médecins généralistes, le Dr Michel Combier, président de l'Unof-Csmf, sent ses troupes « prêtes et mobilisées » à l'approche des négociations conventionnelles. « Ils veulent voir ce qu'on va mettre dans le rôle du médecin traitant et comment on va les inciter à le devenir », ajoute-t-il.
Contexte neuf.
Quoi qu'il en soit, le leader de la Csmf fait remarquer que cette université d'été a lieu « dans un contexte radicalement différent » de celui de 2003, année de l'échec de la convention et d'un règlement conventionnel minimal frustrant. En outre, le Dr Michel Chassang fait avancer les choses. Selon nos informations le président de la Csmf et son homologue du Syndicat des médecins libéraux (SML) auraient d'ailleurs déjà eu une réunion de travail avec le tout nouveau directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), Frédéric Van Roekeghem, le ministre de la Santé et son secrétaire d'Etat à l'Assurance-maladie. « Nous sommes décidés à ne pas laisser traîner les choses », commente simplement le Dr Chassang. La preuve ? Une séance de négociations sur la tarification de la Ccam technique devrait se tenir cette semaine (la date devant être fixée le week-end dernier). « Une fois qu'on aura réglé les modalités de mise en place de la Ccam, on pourra se consacrer au menu de la convention ». « Unique », cela va sans dire dans la bouche du leader de la première centrale syndicale de médecins libéraux, puisque le Dr Chassang « ne signera pas » de conventions spécifiques pour les généralistes, les spécialistes et les plateaux techniques lourds. « A mon avis, il faut tout boucler d'ici à la fin de décembre. Je crois savoir que c'est aussi l'avis du directeur de l'Uncam », conclut Michel Chassang.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature