« CE SERA DIFFICILE de faire pire... » Le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, estime que l'année 2003 restera une triste page pour la médecine de ville. « Fiasco » des négociations conventionnelles, projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss), « dont le moins qu'on puisse dire et qu'il ne marquera pas l'histoire », et, pour les spécialistes libéraux de secteur I, quelques « maigres rustines » à travers la majoration transitoire de 2 euros du tarif des consultations des cliniciens, puis les contrats de pratiques professionnelles (CPP) pour les anesthésistes, les chirurgiens et les médecins réalisant des échographies obstétricales. Une année d'autant plus « morose » que la crise de la responsabilité civile professionnelle (RCP) n'a toujours pas été réglée de façon pérenne et que, en outre, plusieurs médecins en exercice ont été victimes d'agressions violentes, y compris dans des départements ruraux, une situation « qui ne peut plus durer ». Un motif de satisfaction (relatif) toutefois : l'avancée positive du dossier de la permanence des soins. « On est parti d'une corvée obligatoire, sanctionnable, sans reconnaissance ni rémunération, pour aboutir au volontariat dans le cadre d'une mission d'intérêt général, rémunérée et régulée en amont », résume le Dr Chassang, même s'il attend l' « essentiel » : le financement.
L'« absurde » cloisonnement ville-hôpital.
La Csmf se tourne vers 2004 avec l '« espoir d'entrevoir enfin des choses positives ». Pour « tenir la route », la réforme de l'assurance-maladie devra respecter quelques « points durs » : la suppression du cloisonnement « artificiel et inefficace » du pilotage entre la ville et l'hôpital, qui ignore « les transferts de dépenses de plus en plus importants » d'un secteur à l'autre ; des moyens financiers plus importants, car la santé « coûtera de plus en plus cher »; le renoncement définitif à tout « bouclage comptable » ou « quotas d'activité » dans le domaine de la maîtrise des dépenses ; la sauvegarde du paiement à l'acte, « base de l'activité médicale libérale ». La Csmf n'oublie pas non plus son exigence d'un « espace de liberté tarifaire pour tous les médecins », à l'heure où une partie de la base réclame ouvertement le passage au secteur II. Et, dans le cadre d'une nouvelle gouvernance, la Csmf réclame des règles de contractualisation plus saines : la fin des accords « minoritaires », le principe d'accords collectifs, et une « représentativité unique » pour l'ensemble des médecins, généralistes et spécialistes. « Avec la réforme des études (fin du concours de l'internat) , il n'y aura plus que des spécialistes », analyse le Dr Chassang.
L'autre chantier crucial de l'année reste « plus que jamais » la mise en place de la nouvelle classification commune des actes médicaux (Ccam). La phase « politique » de négociation tarifaire commencera seulement au printemps, mais « de nombreux problèmes techniques » restent à régler, spécialité par spécialité. La Csmf rappelle son exigence minimale : aucune discipline ne devra être lésée et la plupart devront tirer bénéfice de la nouvelle nomenclature.
En contrepartie, la profession est disposée, martèle le président de la Csmf, à s' « engager » dans la promotion de la qualité par la FMC, l'évaluation des pratiques professionnelles mais aussi la coordination des soins qu'il faudra « encourager ».
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