Le Généraliste. Aujourd’hui s’ouvre la 18e Université d’été de la CSMF, dans quel état d’esprit se trouve votre syndicat vis-à-vis du gouvernement ?
Michel Chassang. Nous sommes dans une période compliquée, il y a eu une alternance cette année et on peine à entrevoir quel est le véritable programme en matière de santé du gouvernement. Certes il a affiché deux priorités : les dépassements d’honoraires et l’accès aux soins. Mais nous attendons avec grande impatience qu’il nous dévoile son programme. La première épreuve de vérité sera de voir quelle va être la répartition de l’Ondam. Va-t-on assister à un différentiel entre l’Ondam de ville et celui de l’hôpital avec un avantage pour celui de l’hôpital ? Ou va-t-on aller vers un rééquilibrage ? De par ce chiffre, nous saurons très clairement dans quelle direction veut aller le gouvernement.
Quel message comptez-vous faire passer à la ministre, dimanche ?
Il y a un système de santé libéral auquel nous croyons et auquel les Français sont très attachés. Il est complémentaire au système hospitalier. L’heure est venue dans notre pays de déshospitaliser. En clair, nous sommes le pays le plus hospitalo-centré d’Europe, nous avons une fois et demie plus de lits en France qu’en Allemagne pour une population inférieure en nombre. Les médecins français, en particulier les médecins généralistes, sont parmi les plus mal payés d’Europe. Il est donc urgent d’entreprendre une dynamique de revalorisation du métier de médecin libéral et de la médecine générale en particulier.
Qu’attendez-vous de l’intervention de Marisol Touraine ?
Nous attendons qu’elle nous dévoile le contenu, par exemple, du PLFSS. On nous parle d’une baisse d’honoraires pour certaines spécialités à hauteur de 150 millions d’euros : est-ce réel ? Cela nous paraîtrait extrêmement négatif. La ministre a également parlé de dispositions qui seraient déjà incluses dans le PLFSS et qui viseraient à mieux organiser les soins de premier recours à travers la mise en place d’expérimentations touchant des équipes de soins. À quoi cela va-t-il ressembler ?
Les ateliers de l’Université traitent pour la plupart du travail en équipe et de la coopération sanitaire : pourquoi ce thème ?
Étant donné la tension très importante qui règne sur les comptes de la Sécu, la tendance au retour à domicile, ainsi que l’aspiration des jeunes à travailler en groupe, nous pensons que les médecins ne doivent pas subir ces évolutions. C’est la raison pour laquelle nous avons placé cette université d’été sous le signe de la coordination des soins et de la coopération interprofessionnelle. Cela s’inscrit aussi dans une mutation sociale du corps médical qui est très forte, avec une féminisation qui est celle que l’on connaît. Tout ceci nous pousse à inventer de nouveaux modèles, de nouvelles constructions en mettant en place des pôles de santé où le médecin généraliste doit rester le pilote. Cela suppose aussi une autre façon d’être rémunéré et d’exercer la profession.
La Cour des comptes suggère la suppression de la participation des Caisses aux cotisations sociales des médecins secteur 1 ? Un casus belli pour la CSMF ?
Nous entendons défendre bec et ongles le secteur 1 et en particulier le statut social qui est lié à ce secteur. Il existe un contrat conventionnel qui impose aux caisses de prendre en charge une partie des cotisations sociales, en échange de quoi ces mêmes praticiens pratiquent des tarifs opposables. À défaut, si le gouvernement était tenté de suivre les recommandations de la Cour des comptes, nous nous sentirions, naturellement, déliés de ce contrat conventionnel et, dès lors, nous nous sentirions légitimés pour pratiquer des tarifs qui ne soient pas ceux de la Sécu.
Qu’espérez-vous des négociations sur les dépassements ?
Il est hors de question que ce débat se limite à la seule question des dépassements de secteur 2. Nous pensons qu’il faut l’élargir. Il y a un secteur 1 qui n’est pas suffisamment attractif et il faut le revaloriser. Il n’y aura pas de signature de la CSMF, s’il n’y a pas une revalorisation du secteur 1.
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