AUJOURD'HUI, à 15 heures, le Dr Michel Chassang est l'invité du président de la République, Nicolas Sarkozy, au 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le patron de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) se rend à l'Elysée accompagné des Drs Michel Combier et Jean-François Rey, présidents respectifs des branches généraliste (UNOF) et spécialiste (UMESPE) de son organisation.
Le chef de l'Etat est à l'initiative de cette rencontre que Michel Chassang n'hésite pas à qualifier d' «historique», soulignant qu'il s'agit, à sa connaissance, d' «une première» – les représentants des médecins libéraux ont bien été reçus par le passé en délégations syndicales ou professionnelles à l'Elysée, mais jamais à titre individuel. Le Dr Chassang tire de cette inédite configuration l'enseignement suivant : «Cette invitation montre l'intérêt que porte le président de la République au monde de la santé et aux médecins libéraux. Jusqu'ici, quand on parlait de santé, on pensait “hôpital public”; la médecine libérale n'était qu'une variable d'ajustement. Que Nicolas Sarkozy reçoive le président du premier syndicat de médecins libéraux est un signe extrêmement fort.»
Au « palais », le président de la CSMF entend poser trois questions à son hôte : «Y a-t-il encore un système libéral dans ce pays?»«Y croit-on encore à la convention médicale?» et «Si oui, est-on d'accord pour mettre en place, parallèlement aux dispositifs de maîtrise des dépenses, des avancées conventionnelles?»
Partenaires exigeants.
«Nous avons été des partenaires de la réforme de 2004; nous entendons être, dans le cadre de la réforme de 2008, des partenaires exigeants», fera savoir cet après-midi le Dr Chassang. Et ses «exigences», le patron de la Confédération voudrait les mettre sur la table. «Je voudrais savoir, insiste-t-il, et entendre la réponse de la bouche du président, si le système libéral –en particulier de proximité– est bien le système adopté par la France, s'il n'y a pas de risque de dérive vers un système de type étatique.» Au-delà de l'architecture générale, Michel Chassang s'inquiète : «Dans ce système libéral, le système original “à la française” est-il conforté, ou la médecine de première ligne repose-t-elle sur les médecins généralistes et également sur une médecine spécialisée de proximité?» Quant à la convention, le syndicaliste l'a trouvée «dénaturée par un certain nombre de mesures du PLFSS» et il souhaiterait obtenir l'assurance que «le système conventionnel national, collectif et unique pour toute la profession» est toujours d'actualité. Sans dévier de la ligne des efforts de maîtrise consentis par les médecins dans le cadre conventionnel, Michel Chassang ne va pas manquer de rappeler au président de la République les «contreparties» promises : «Il faut faire la réforme des consultations –la CCAM clinique– car elle est de nature à revaloriser la médecine générale et les spécialités cliniques. Et le secteur optionnel, sur lequel l'Etat s'est engagé en 2002, peut être la solution pour favoriser l'accès aux soins et pour lutter contre certains dépassements d'honoraires.» Le message du Dr Chassang au président de la République sera clair : «Nous entendons, résume-t-il, voir honorée la parole de l'Etat.»
La Mutualité ouvre le bal
A l'heure où se multiplient les chantiers sur la santé et la protection sociale, et où il convient de trouver des partenaires impliqués pour accompagner les réformes, Nicolas Sarkozy ne consulte pas exclusivement le corps médical, mais semble vouloir entamer un cycle de rencontres très directes avec les acteurs de la santé. S'agira-t-il de tester certaines idées ? Prendre la température sur des sujets qui fâchent ? Dès ce matin, à 10 h 30, le chef de l'Etat reçoit, en tout cas, Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française, qui sera accompagné d'une délégation de la FNMF. L'ordre du jour est vaste : «L'évolution du système de santé»...La Mutualité est directement concernée, notamment, par la réforme annoncée du « panier de soins », c'est-à-dire ce qui doit relever demain de la solidarité nationale, des complémentaires santé et de la responsabilité individuelle.
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