Offensive syndicale

La Csmf réclame de nouvelles ressources pour la Sécu

Publié le 04/09/2007
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SI LE GOUVERNEMENT bénéficie d'un état de grâce prolongé dans l'opinion, la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français), partenaire des réformes et premier soutien de la convention actuelle, semble avoir un avis beaucoup plus circonspect ; et le syndicat redoute déjà d'éventuelles mauvaises surprises dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss), qui sera débattu à l'automne.

La méthode de gouvernement, d'abord, ne rassure guère les troupes confédérales. Le président Michel Chassang déplore sur les affaires de santé et de Sécurité socialeun «éclatement des lieux de pouvoir» (entre les ministères de la Santé, Bercy, Matignon et surtout l'Elysée omniprésent) qui conduit à un «jeu de ping-pong inédit pas facile à gérer».

Sur le fond surtout, la Csmf, qui vient de réunir son séminaire de rentrée, fait l'analyse que le gouvernement va rapidement se heurter à une équation financière insoluble qui exposera la profession à des mesures douloureuses. «Dire que l'on ne veut pas augmenter les prélèvements obligatoires, que l'on va baisser les déficits tout en fixant un Ondam 2008 [objectif national de dépenses d'assurance-maladie] correct est tout simplement impossible», tranche Michel Chassang.

« Ondam riquiqui ».

Dès lors, analyse le patron de la Csmf, les médecins ne sont nullement à l'abri de «mauvais coups», même de «coups fourrés» dans les prochaines semaines. «On peut tout craindre: des mesures autoritaires encadrant la démographie, la liberté de prescription, des contrats individuels de maîtrise à la performance, une atteinte au secteurII»,énumère-t-il, au risque de donner quelques idées aux ministres qui planchent sur le Plfss. Et par-dessus tout un «Ondam riquiqui, inéquitable», qui annoncerait la rigueur tarifaire pour 2008, année de passage programmé du C à 23 euros. Plutôt que le recours à de «vieilles recettes» aux relents de maîtrise comptable, la Csmf exhorte le gouvernement à «augmenter les ressources de l'assurance-maladie» en dénichant de nouveaux financements structurels. Mais de ce point de vue également, «les hésitations qui entourent le débat sur la TVA sociale ne présagent rien de bon»,se désole Michel Chassang . Deuxième suggestion avancée par le syndicat : «réformer enfin l'hôpital».

La Csmf est renforcée dans ses inquiétudes par les «premiers pas préoccupants» de la nouvelle équipe gouvernementale qui avait validé sans états d'âme le plan de crise suggéré par l'assurance-maladie dans la foulée du comité d'alerte sur les dépenses 2007 (« le Quotidien » du 12 juillet). A la clé notamment, des mesures d'économies imposées aux assurés (durcissement des pénalités hors parcours de soins, généralisation du tiers payant contre générique...), mais aussi des baisses de tarifs ciblées pour les radiologues et les biologistes. «Cette première initiative, qui ne règle strictement rien, a été pour le moins malheureuse», accuse Michel Chassang.

Comme à chaque rentrée, la Csmf se prépare donc à batailler ferme sur le budget réservé à l'assurance-maladie et, en particulier, aux soins de ville l'an prochain. «Seul un Ondam tenable –au moins 3,5% ou 4% en valeur–, équivalent entre la ville et l'hôpital, permettra d'éviter la chronique d'un dépassement annoncé et d'un nouveau comité d'alerte»,précise le Dr Chassang.

C'est dans ce contexte que la Csmf prépare son université d'été, un rendez-vous très politique qui se tiendra à Cannes les 21, 22 et 23 septembre prochains. En réservant pour l'instant sa stratégie. Toujours dans un esprit «bâtisseur»,précise Michel Chassang, mais avec la certitude que «2008 sera une année charnière» pour la convention actuelle et les réformes . «Le débat qui s'ouvre va permettre de connaître les intentions du gouvernement, nous sommes prêts à jouer le jeu, mais pas à tout prix. Soit on réussit le pari, soit on va dans le mur.»

> CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8208