APRÈS AVOIR REçU les fédérations hospitalières la semaine dernière, Roselyne Bachelot rencontre ce matin la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf). La Csmf peut se réjouir d'être le premier syndicat médical – à ce jour – à obtenir un entretien avec la nouvelle ministre de la Santé, même si son président fait quand même remarquer qu'il «a déjà pris ses contacts partout ailleurs».
Pour Michel Chassang, c'est l'occasion de dresser tout d'abord le bilan de la réforme de l'assurance-maladie et de la convention médicale. La réforme a été réalisée en 2004 «en oubliant l'hôpital et la question du financement de la protection sociale». Quant à la convention 2005, elle «marche et donne des résultats», mais «ses dysfonctionnements justifient un nouveau souffle», d'où la proposition confédérale de «nouveau contrat de bonnes pratiques conventionnelles» (« le Quotidien » du 24 avril) que l'assurance-maladie examinera formellement en juin en commission paritaire nationale.
Surtout, la Csmf a l'intention de mettre en garde la ministre au sujet du plan de redressement qu'impose le déclenchement de la procédure d'alerte. Aujourd'hui même, la direction de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) doit présenter aux membres du Conseil de la Cnam la palette de mesures d'économies qu'elle va proposer au gouvernement. Sachant que certains honoraires médicaux sont dans le collimateur de la Cnam (ceux des radiologues en particulier), le Dr Chassang va plaider « non coupable » au nom des médecins libéraux. D'une part l'Ondam 2007 (objectif national de dépenses), fixé à + 1,1 % pour les soins de ville, était «intenable» selon lui. D'autre part, le leader de la Csmf rapproche les 300 millions d'euros de «dépassement d'objectif et non de dérapage» sur les honoraires médicaux des «500 millions d'euros» non dépensés sur le même poste à la fin de 2006. «Nous estimons que nous sommes quittes», explique le Dr Chassang, qui «n'acceptera pas que les radiologues subissent une quelconque baisse de leurs honoraires». «Tailler à la hache dans la cotation des honoraires médicaux» revient à «faire fi du système conventionnel», avertit le président de la Csmf. Il compte donc demander au gouvernement de «choisir entre la maîtrise comptable et la maîtrise médicalisée».
Au-delà du plan d'économies qui s'annonce à court terme, la Confédération réclame d'ores et déjà un Ondam 2008 «crédible», c'est-à-dire «entre +3,5 et +4% pour les soins de ville» (soit un Ondam «de 1-1,5 point au-dessus du taux de croissance du produit intérieur brut»).
Colère des autres syndicats.
En attendant, les autres syndicats rongent leur frein.
A la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Claude Régi a écrit à la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports «dès sa nomination» pour lui signaler que son syndicat «voulait travailler avec elle et était à sa disposition». Depuis, il «voit (sa) ministre distribuer des coupes sur des terrains de foot» mais attend toujours une rencontre de visu dans son bureau, avenue de Ségur. Le Dr Jean-Paul Hamon, responsable de la branche généraliste de la FMF, se montre plus cinglant : «La FMF-Gest disposée à discuter football avec la ministre de la Santé si cela lui permet d'aborder les sujets préoccupants de l'état de la médecine générale française et de la médecine libérale en particulier.»
Sans nouvelles de Roselyne Bachelot, le leader du Syndicat des médecins libéraux (SML) s'impatiente aussi. Au point que le Dr Dino Cabrera a «envoyé un SMS» à l'influent Xavier Bertrand afin que le ministre du Travail «accélère les choses» auprès de sa remplaçante à la Santé. Le président du SML «essaye d'intervenir avant que le gouvernement ne prenne les mesures» rendues nécessaires par la procédure d'alerte. A l'instar du Dr Chassang, le président du SML pense qu' «on peut redynamiser la maîtrise médicalisée», tout en l'étendant aux «60 millions de consultations externes par an à l'hôpital», source de «redondances». Reste qu' «il faut de nouvelles recettes» pour les comptes de la Sécurité sociale, conclut le Dr Cabrera.
Par ailleurs, le Dr Claude Bronner d'Espace Généraliste attend le second tour des législatives avant de solliciter à son tour Roselyne Bachelot pour «ne pas se laisser oublier». «La ministre préfère recevoir les perdants [aux élections professionnelles, ndlr] . On verra ce qu'elle fera avec», persifle pour sa part le Dr Martial Olivier-Koehret de MG-France.
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