La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) entend peser de tout son poids au cours des débats qui précéderont les états généraux de la démographie médicale. Le syndicat se félicite que Nicolas Sarkozy réaffirme son attachement à la liberté d'installation et son intention «de laisser toute sa place à la négociation conventionnelle sur ce dossier» (voir ci-contre). «L'instauration d'un moratoire pour l'application de nouvelles mesures est une obligation morale car on ne doit pas changer les règles du jeu en cours de partie, commente le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. Reste que cela ne doit pas signifier, pour autant, la préfiguration de mesures coercitives pour l'avenir, avec des installations de type nouveau et ancien régime.» La CSMF dit toutefois rester «inquiète pour l'avenir en observant le fossé entre les propos présidentiels qui vont dans le bon sens et les actes du gouvernement qui, contre vents et marées, maintiennent le texte du PLFSS en l'état, avec un lien direct entre le conventionnement des médecins par les caisses et la densité médicale». La CSMF profite de l'ouverture faite par le président de la République pour formuler dix propositions adoptées par le conseil confédéral, permettant de «concilier liberté d'installation et maintien d'une médecine libérale de proximité».
Organiser la relève.
Dans ce projet en dix points, la Confédération invite à suivre quatre grands axes permettant d'améliorer les dispositifs existants, d'optimiser l'exercice médical et d'organiser la relève tout en gardant un oeil, localement, sur les mesures mises en place. La CSMF souhaite tout d'abord perfectionner le dispositif de la permanence des soins dans les zones déficitaires en renforçant la collaboration entre le public et le privé. Le syndicat propose d'étendre le bonus de 20 % d'honoraires, prévu dans l'avenant 20, et de le moduler. Ce bonus, actuellement réservé aux omnipraticiens qui exercent en cabinet de groupe dans une zone sous-médicalisée, pourrait être étendu aux regroupements virtuels, aux praticiens qui exercent dans des cabinets secondaires ou qui exercent ponctuellement dans ces zones. La Confédération se dit même favorable au maintien définitif de ce bonus d'honoraires pour les jeunes médecins s'installant pendant une période minimale dans une zone sous-médicalisée, «pour service rendu».
Afin de répondre aux attentes de la jeune génération, dont une partie est attirée par l'exercice en groupe et le salariat, la CSMF propose de favoriser la création de groupes pluridisciplinaires. Ces nouvelles structures permettraient de favoriser la délégation des tâches et de mettre en place des sociétés de gestion qui simplifieraient le travail administratif des médecins et de consacrer plus de temps pour les soins. Pour les médecins débutants ou ceux qui ne veulent pas s'investir dans une carrière libérale, le syndicat demande la création d'un statut d'assistant médecin dans les zones déficitaires avec une rémunération sous forme salariée ou mixte. Dans ces zones, le syndicat propose l'ouverture de centres de consultation avancée, avec l'aide des collectivités locales, qui regrouperaient des médecins généralistes et spécialistes.
Pour organiser la relève, la Confédération souhaite accompagner les étudiants lors de leur installation. Elle suggère l'ouverture d'un guichet unique à l'installation au niveau départemental qui apporterait toutes les informations nécessaires aux candidats. Surtout, elle demande la généralisation des bourses d'études pour les étudiants qui acceptent de s'installer pendant une période donnée dans une zone déficitaire. La Confédération prône par ailleurs pour la régionalisation du numerus clausus et du choix de spécialité d'internat après les épreuves classantes nationales (ECN) pour obtenir une meilleure répartition sur le territoire des praticiens selon leur spécialité. Et, s'il le faut, la CSMF conseille d'encourager la poursuite de l'activité des seniors au-delà de 65 ans en majorant le plafond retraite.
Afin de veiller à la mise en place des aides au niveau du département et d'évaluer l'impact des mesures incitatives, la CSMF suggère de créer un comité départemental de la démographie médicale dans lequel seraient représentés l'Etat, les collectivités territoriales et locales ainsi que l'Ordre des médecins et les syndicats. La CSMF va défendre l'ensemble de ces propositions «non exhaustives» lors des discussions qui s'ouvriront dans les prochaines semaines.
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