« Le mouvement continue », avait lancé, la semaine dernière, le Dr Claude Maffioli, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) après avoir claqué la porte des négociations avec la Caisse nationale d'assurance-maladie.
Alors que les discussions se poursuivent avec le seul syndicat MG-France, la CSMF et le syndicat des médecins libéraux (SML) préparent, de leur côté, une nouvelle étape dans le conflit qui les oppose depuis le 15 novembre dernier aux caisses d'assurance-maladie et aux pouvoirs publics.
Cette étape prendra la forme d'une grève des soins de vingt-quatre heures. Elle aura lieu le 23 janvier et sont appelés à y participer l'ensemble des médecins libéraux, qu'ils soient généralistes ou spécialistes.
A l'exception de MG-France qui ne souhaite pas s'y associer, la « Journée sans toubib » a d'ailleurs déjà reçu le soutien de nombreuses organisations comme SOS-Médecins, les urgences médicales de Paris, l'Intersyndicale nationale autonome des résidents, la Fédération des médecins de France et de plusieurs syndicats de spécialités : les chirurgiens, les ophtalmologistes, les cardiologues, les gynécologues-obstétriciens, les dermatologues, les anesthésistes-réanimateurs, etc.
Des actions symboliques
« Le 23, c'est toute la médecine libérale qui va s'arrêter de travailler », confirme le Dr Jean-François Rey, secrétaire général de l'Union des médecins spécialistes de la CSMF. Il appelle ses troupes à cesser leurs activités au cabinet comme dans les établissements de soins et à ne plus assurer les urgences ce jour-là. Il appelle aussi les médecins spécialistes vacataires des hôpitaux à cesser toute activité hospitalière à partir du 23 janvier pour une période indéterminée.
Avec pour mot d'ordre « la santé c'est la vie », cette journée aura pour objectif de demander « plus d'argent pour la santé et des rémunérations décentes pour les médecins ». Elle sera ponctuée de plusieurs actions symboliques : tournée des marchés, pique-niques improvisés dans des lieux symboliques, dépôt de motions auprès des préfets, dons du sang ou opérations escargot.
« On aurait tort de sous-estimer le mouvement, de penser qu'il est superficiel. C'est une véritable lame de fond. Elle ne concerne pas que la médecine de famille mais toute la médecine libérale », explique le Dr Maffioli.
Car, au-delà des revalorisations tarifaires des actes de base du médecin généraliste, c'est bien tout le système qui régit depuis le plan Juppé le fonctionnement de la médecine libérale que les deux syndicats veulent remettre en cause.
Ils demandent donc que le président de la Caisse nationale d'assurance-maladie, Jean-Marie Spaeth, aille plus loin et dénonce la convention en cours avec les médecins généralistes afin que tous les partenaires puissent se retrouver autour d'une table et « reconstruisent le système conventionnel ».
« On ne pourra pas faire l'économie d'une révision globale du cadre dans lequel on travaille. Nous nous battons aussi pour faire un changer un système qui nous mène droit dans le mur », estime le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux. Les deux syndicats n'ont jamais caché leur hostilité à l'option médecin référent mise en place dans ce cadre.
La journée du 23 est donc un avertissement donné au gouvernement « qui reste sourd à nos revendications et au malaise profond de la profession », regrette le président de la CSMF. Ce dernier considère en effet comme « replâtrage » les négociations en cours à la CNAM, d'où il ne peut ressortir selon lui qu' « un accord qui ne répondra pas aux revendications des médecins de terrain et sera minoritaire ».
Jugeant les propositions de la CNAM très éloignées de leurs revendications, le Dr Claude Maffioli, qui en appelle désormais au Premier ministre, reconnaît « qu'on n'est plus dans une logique strictement budgétaire mais bien dans une logique politique ».
« C'est une décision politique qui doit être prise pour éteindre l'incendie, poursuit-il . Or quand le gouvernement veut trouver des milliards, il les trouve. »
Les médecins des centres de santé aussi
L'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) appelle les médecins exerçant en centre de santé à se solidariser avec le mouvement de grève de leurs confrères libéraux le mercredi 23 janvier. « Il ne sera pas pris de rendez-vous ce jour-là. Au minimum, une permanence de soins permettra l'accueil des urgences », recommande le syndicat, qui considère que « la nécessaire revalorisation des actes est légitime d'un point de vue financier et économique » et qu' « elle doit répondre également à la reconnaissance de la valeur professionnelle et qualitative des actes médicaux pratiqués par les médecins généralistes ».
Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) appelle les remplaçants et les jeunes installés à s'associer à la journée de grève du mercredi 23 janvier. Au-delà de la revalorisation des honoraires, il demande la création d'un forfait dédommageant l'astreinte de garde et d'un forfait dédommageant l'investissement du médecin (conditions d'installation, matériel médical, secrétariat, gestion du dossier médical).
L'Intersyndicale nationale autonome des résidents (ISNAR) apporte également son soutien au mouvement des généralistes. Outre une augmentation « significative » des honoraires, elle souhaite elle aussi le paiement des astreintes de gardes, l'attribution de moyens pour que les praticiens puissent améliorer la qualité de l'accueil et du service rendu aux patients, ainsi que le paiement des actes de prévention. Au-delà, elle réclame la réorganisation du système de soins français.
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