Après une deuxième « Journée sans toubib » et un nouveau week-end de grève des gardes, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont affirmé leur détermination à poursuivre le mouvement « tant que le problème ne sera pas réglé ». Ils réaffirment que l'accord du 24 janvier signé entre les caisses de l'assurance-maladie et le syndicat MG-France « ne répond en rien aux revendications des médecins ».
Réclamant toujours une revalorisation de la consultation à 20 euros et de la visite à 30 euros ainsi que la négociation d'une nouvelle convention pour tous les médecins, ils préparent la manifestation nationale du 10 mars et envisagent encore d'ici là d'autres actions. Cette détermination repose sur la forte mobilisation des praticiens qui a été, selon eux, aussi importante le 15 que lors de la première « Journée sans toubib » du 23 janvier. La participation à la grève des soins aurait atteint 80 %, selon l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), la branche généraliste de la CSMF.
« Cela fait trois mois que le mouvement existe, qu'il est constant et qu'il s'amplifie. C'est la première fois dans l'histoire du syndicalisme médical que l'on voit un conflit durer aussi longtemps », s'est félicité le Dr Claude Maffioli, président de la CSMF.
De nombreuses actions symboliques ont émaillé cette journée : manifestations devant les caisses primaires, dons du sang, barrages filtrants en Seine-Maritime ou encore tournée des marchés en Seine-Saint-Denis, département dans lequel doit se présenter la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, lors des prochaines élections législatives. Et tous les syndicats, à l'exceptions de MG-France, avaient appelé à la grève, soutenus par les multiples coordinations départementales qui ont émergé depuis le début du conflit.
Cependant, le suivi du mouvement, comme ses objectifs, commence à faire l'objet de nombreuses critiques et mises en cause. A commencer par celle du Dr Pierre Costes, le président de MG-France, signataire de l'accord avec l'assurance-maladie pour qui 10 à 12 % seulement des médecins auraient fermé leur cabinet le 15. Il évalue seulement à 8 000 sur 52 000 le nombre de médecins qui pratiqueraient le C à 20 euros « et encore, par secteurs et pas à tous leurs malades », a-t-il affirmé.
Préparation de la manif du 10 mars
Si les SAMU ont été débordés d'appel, « la situation aux urgences hospitalières était la même que d'habitude. Je ne sais à quel point la grève est suivie, car nous avons accueilli des patients qui ont été envoyés par leur médecin, ce qui prouve que tous les cabinets n'étaient pas fermés », a indiqué, de son côté, le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF).
Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) qui regroupe 21 associations d'usagers estime, en outre, que « la ligne jaune est franchie ». Les mouvements de grève actuels « portent gravement atteinte aux rapports de confiance qui doivent fonder les relations entre les usagers du système de santé et les médecins », poursuit le CCIS, en dénonçant ceux « qui décrètent et appliquent des augmentations sauvages » et les dangers qu'ils font peser sur la permanence des soins.
Enfin, la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), sondage à l'appui, affirme que plus de 52 % des Français sont contre une nouvelle hausse du prix de la consultation des médecins généralistes.
Cependant, les représentants des syndicats, qui appellent à la poursuite du mouvement, n'entendent pas baisser les bras. Surtout au moment où ils reçoivent le soutien appuyé du président de la République (voir page 4). « La manifestation du 10 mars sera un cap supplémentaire, mais la grève des gardes reste le cur de notre action », a expliqué le Dr Michel Chassang.
« Nous allons continuer à mettre la pression, non pas parce que nous sommes arc-boutés sur nos revendications, mais parce que c'est une demande de la base », a précisé le Dr Dinorino Cabrera (SML). La CSMF s'interroge d'ailleurs sur sa participation à la nouvelle réunion technique programmée, mercredi, au ministère et qui, selon le Dr Maffioli, « permet une fois de plus au gouvernement de botter en touche ».
Le président de MG-France, qui s'accroche à l'accord signé le 24 janvier, espère fortement que les modalités d'application de la rémunération du forfait d'astreinte et des aides à l'installation seront bouclées d'ici au mois de mars et que ces mesures pourront entrer concrètement en application « avant le 10 mars ». C'est en effet à cette date que l'assemblée générale de son syndicat doit débattre du contenu de l'accord.
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