APRES avoir pris « peu de vacances » (analyse de la réforme, conflit des chirurgiens), le
Dr Michel Chassang, président de la Csmf, attaque la rentrée sur les chapeaux de roue, avec la certitude qu'une page de la médecine libérale va s'écrire dans les quatre mois à venir.
Outre la nouvelle classification commune des actes médicaux (Ccam), qui conduira à une restructuration de la profession (lire ci-dessus), la mise en pratique de la réforme de l'assurance-maladie « à une cadence infernale » exige une vigilance « extrême » du premier syndicat de médecins. « Plus de 35 textes à paraître concernent directement les médecins, rappelle le Dr Chassang. Je ne me souviens pas d'un tel chantier, d'aussi vastes bouleversements, sauf en 1995... »
Sur le fond cependant, aucune comparaison avec le plan Juppé, de sinistre mémoire médicale. « Le vent de la réforme souffle plutôt dans le bon sens », précise-t-il.
Si le président de la Conf' refuse tout discours « euphorisant », c'est parce qu'il estime que rien n'est gagné : la rédaction des décrets et des arrêtés peut « donner tout et son contraire », y compris le pire si l'esprit de la loi est « dénaturé ». Le dossier médical ? « Un formidable outil ou un instrument de flicage. » Le médecin traitant ? « Un bon filtre médical ou un remake terrible du médecin référent et des filières à l'anglaise. » L'évaluation obligatoire ? « Un outil au service de la qualité ou un contrôle infantilisant. » La nouvelle gouvernance ? « Elle peut dévier vers l'étatisation à tout crin. » Les contrats avec les complémentaires ? « Cela peut dégager des enveloppes financières supérieures mais aussi... prendre les médecins en tenaille. » Et le reste à l'avenant.
Les « lambeaux » du système conventionnel
L'impatience du corps médical serait à la mesure du chantier à construire. « Après les généralistes en 2002, le mouvement des chirurgiens en annonce d'autres, met en garde le Dr Chassang. Ces conflits traduisent la faillite du système conventionnel, qui tombe en lambeaux, comme un mûr en décrépitude. » La tentation de la course aux actes serait le symbole de cet échec. « Les médecins ont travaillé plus, et toujours plus, pour maintenir leur pouvoir d'achat, ça ne marche plus », tranche le Dr Chassang, pour qui « on a touché le fond ». C'est la raison pour laquelle il souhaite rencontrer le futur directeur de l'Uncam (Union nationale des caisses d'assurance-maladie) dès qu'il aura été nommé. Pour ne plus perdre de temps.
L'autre gros dossier de rentrée reste la permanence des soins, et notamment le sort de l'avenant 14 à la convention (« le Quotidien » du 10 septembre). La Csmf n'accepte pas qu'il y ait « deux poids, deux mesures » en matière de rémunération. Autrement dit, on ne peut accorder aux chirurgiens une revalorisation des astreintes via un forfait de 150 euros et proposer aux généralistes une astreinte dégressive en fonction du nombre d'actes effectués. La revendication de la Conf' est claire : « 150 euros pour tout le monde. » Le Dr Chassang estime également qu' « il ne sert à rien de mettre tous les médecins sur le pont lors de la période 24 h-6 h, qui est peu productive. »
Philippe Douste-Blazy, qui sait que le succès de sa réforme dépendra de l'adhésion du corps médical, peut-il compter sur le soutien du syndicat majoritaire ? Si la Csmf affiche un état d'esprit constructif, elle ne signera pas de chèque en blanc. Chaque dossier sera suivi « à la loupe ». Un message que le ministre de la santé devrait écouter avec attention à Ramatuelle (Var), lors de la dixième université d'été de la confédération (du 24 au 26 septembre).
Voir aussi : Le SML demande au gouvernement de «mettre le turbo» (13/09/2004)
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