Produite par le foie, la CRP-us (ultra-sensible) est le témoin de l'inflammation induite par les cytokines. Sa valeur moyenne est de 1,6 mg/l, mais une valeur > 3 mg/l est observée dans le tiers de la population.
Sur le plan cardio-vasculaire, la CRP-us augmente les phénomènes de thrombose en induisant l'expression du facteur tissulaire des monocytes qui est un facteur procoagulant. Par ailleurs, elle semble accompagner et/ou favoriser la survenue de l'athérome. La présence de CRP est connue depuis longtemps au niveau des cellules spumeuses de la plaque d'athérosclérose. Plus récemment, on a pu démontrer que la CRP facilitait l'intégration du LDL dans les macrophages de la paroi vasculaire grâce à des récepteurs spécifiques. Elle est ainsi présente dès les premières étapes de la formation de la plaque et liée à l'altération de la fonction endothéliale, qui semble être un des premiers marqueurs cliniques détectables de la maladie athéroscléreuse.
La CRP serait donc non seulement un marqueur de l'athérosclérose, mais aussi un facteur de risque, puisqu'elle est capable d'augmenter la captation de cholestérol au niveau des plaques d'athérome.
Différentes études de prévention primaire ont d'ailleurs démontré, de façon homogène, une augmentation du risque d'événement coronaire avec l'augmentation de la concentration de la CRP-us, même après ajustement sur les autres facteurs de risque, auxquels elle apparaît corrélée (essentiellement l'âge, le tabac, l'obésité et le diabète).
Dans une revue de la littérature concernant la prévention primaire (« Circulation » 2001, 103 : 1813), Ridker a montré que, indépendamment du type d'événement concerné (coronaropathie, artérite périphérique ou AVC), à l'intérieur du groupe de patients qui avait la CRP la plus élevée, le risque relatif de survenue d'événements était très augmenté (de l'ordre de 2 à 4 selon les études) par rapport au groupe de patients dont la CRP était basse. La CRP semble être un facteur de risque plus prédictif que la Lp(a), l'homocystéine et le cholestérol total (CT). Ainsi, toujours selon Ridker, la CRP-us associée au rapport CT/HDL cholestérol est un facteur prédictif très puissant d'événement cardio-vasculaire.
Au cours des syndromes coronaires aigus, dès 1994, Liuzzo avait rapporté qu'une CRP > 3 mg/l à l'admission identifiait les patients à risque d'événements au cours de l'hospitalisation. De même, l'équipe de J.-M. Lablanche (Lyon) a observé une augmentation des troponines après angioplastie coronaire chez les patients dont la CRP était élevée avant la procédure. Les concentrations élevées de CRP pourraient donc éventuellement prédire la survenue d'une resténose.
En prévention secondaire
Après un infarctus du myocarde, le risque d'événements cardio-vasculaires paraît augmenté chez les patients ayant les valeurs les plus élevées de CRP dans l'étude CARE.
Toujours selon CARE, l'aspirine n'a pas ou peu d'effet sur le taux de CRP, alors que le traitement par statines diminue de façon importante les événements chez les patients à CRP élevée (45 % contre 25 % chez les patients à CRP basse).
Au total, la CRP-us apparaît comme un facteur et/ou un marqueur de risque indépendant très prédictif d'événement à tous les stades de la maladie coronaire. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si son dosage doit être effectué en routine ou pas, en complément de la troponine lors des syndromes coronaires aigus.
D'après la communication du Pr Jean-Marc Lablanche, CHU Lille
Après 85 ans, 50 % de la population a une CRP élevée (> 10 mg/l). La CRP est plus élevée chez la femme que chez l'homme. Les valeurs de CRP sont plus élevées chez le fumeur, elles le restent d'ailleurs plusieurs mois après l'arrêt du tabac. Ceci explique peut-être qu'il faille 2 à 3 ans au fumeur pour voir baisser son risque cardio-vasculaire.
Elle augmente avec les triglycérides et la baisse du HDL cholestérol, cependant, la relation n'est plus significative après ajustement sur l'obésité. Il existe en effet une corrélation très forte entre l'obésité et le taux de CRP : ce dernier augmente progressivement avec l'IMC (un IMC >3O s'accompagne d'un taux de CRP élevé chez 40 à 60 % des femmes). La CRP est également plus élevée chez les diabétiques.
En revanche, les valeurs de la CRP fluctuent très peu avec l'hypertension, qu'elle soit systolique ou diastolique, et avec l'existence de certaines infections comme la périodontite chronique, incriminée par certains dans la genèse des coronaropathies.
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