Dans le travail rapporté par Paul M. Ridker et al. (Boston), la protéine C-réactive (CRP) est plus efficace que le LDL cholestérol pour prédire le risque de tous les événements choisis dans les critères principaux de l'étude : infarctus du myocarde, AVC ischémique, geste de revascularisation ou décès de cause cardiovasculaire. L'avantage persiste même au terme de l'analyse multivariée, après correction pour les facteurs de risque traditionnels et aussi bien chez les femmes utilisant un THS que chez les autres.
Enfin, comme il existe une corrélation entre la CRP et le LDL cholestérol, même si elle n'est pas significative, le critère combinant à la fois les deux paramètres biologiques se révèle supérieur à l'un ou l'autre pris isolément pour la prédiction du risque.
L'étude a consisté à mesurer les taux de LDL cholestérol et de CRP chez 27 939 femmes appartenant à la cohorte de la Women's Health Study. Des recrues en bonne santé apparente. Le suivi a duré huit ans, au cours desquels on a surveillé la survenue des événements cardio-vasculaires.
Les résultats ont été analysés après ajustement pour l'âge, le tabagisme le diabète, l'HTA et en prenant en compte l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif. Ils donnent une comparaison du risque relatif entre les quatre quintiles, du plus bas au plus élevé de la CRP. Les chiffres sont de 1,4, 1,6, 2, et 2,3. En faisant les mêmes calculs pour les risques relatifs attribuables au LDL cholestérol, du quintile le plus bas au quintile le plus élevé, on obtient des chiffres de 0,9, 1,1, 1,3 et 1,5.
Stable sur une longue période
Le taux de CRP est stable sur une longue période, contrairement à d'autres marqueurs de l'inflammation, le dosage est facile et peu onéreux.
Les auteurs attirent l'attention sur différentes données recueillies dans l'étude, qui ont des implications pratiques. Ainsi, les résultats sont concordants avec ceux précédemment trouvés dans des études plus petites aux Etats-Unis et en Europe, ce qui est « rassurant et cohérent avec les données décrivant le stabilité et la reproductibilité des résultats ». Une valeur seuil peut être retenue chez les femmes et utilisée quel que soit leur statut vis-à-vis de l'hormonothérapie substitutive.
Par ailleurs, 77 % des premiers événements cardio-vasculaires observés dans l'importante cohorte de l'étude sont survenus chez de femmes ayant un LDL cholestérol en dessous de 160 mg/dl ; 46 % sont observés pour des taux inférieurs à 130 mg/dl. Autant dire en dessous du seuil de LDL cholestérol retenu par le National Cholesterol Program pour commencer l'intervention à visée préventive.
Cibler au mieux la prévention
Les données ont une implication pour circonscrire les groupes dans lesquels exercer une prévention. L'analyse de survie dans cette dernière étude montre que le risque est particulièrement haut dans le groupe des femmes ayant un taux élevé de CRP et un taux bas de LDL. Aussi, se fier uniquement au LDL pour prédire le risque d'événement cardio-vasculaire ne va pas permettre de cibler au mieux la prévention, par statines ou autres.
Pour finir, l'évaluation de l'utilité clinique de la CRP nécessite d'être évaluée en prenant en compte d'autres facteur tels que les sous-fractions lipidiques, les triglycérides, la lipoprotéine Lp(a), l'homocystéine, la résistance à l'insuline et la fibrinolyse.
Il est maintenant reconnu que l'athérosclérose peut survenir en l'absence d'hyperlipidémie. Des réunions de consensus (sous la direction du CDC américain) ont souligné la nécessité de trouver d'autres critères d'évaluation du risque.
« New England Journal of Medicine », vol. 347, n° 20, 14 novembre 2002, pp. 1557-1564.
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