LES NARCOLEPTIQUES brident leur sens de l'humour. Et ils ont bien raison. D'après un travail américain, les zones cérébrales qui interviennent dans le rire sont hyperstimulées de façon spontanée chez les narcoleptiques-cataplexiques. Or ces régions régulent la production d'orexine, un marqueur neurobiologique impliqué dans la régulation de l'émotion et du sommeil.
Chez les narcoleptiques-cataplexiques porteurs du gène HLA-DQB1 0602 et sujets à attaques de catalepsie, le taux circulant d'orexine est particulièrement abaissé. En ce fondant sur ces diverses données, l'hypothèse d'un lien entre la baisse du taux d'orexine et l'existence de crises catatoniques a été suggérée.
Des examens en IRM fonctionnelle.
Depuis la première description à la fin des années 1870 du syndrome de narcolepsie-cataplexie, les neurologues n'ont pas totalement élucidé les mécanismes en cause dans cette affection.
La cataplexie peut prendre différentes formes selon les sujets et passer d'un simple état de flottement à une paralysie musculaire totale d'une durée de quelques minutes. Si les attaques de catalepsie peuvent survenir à n'importe quel moment, elles sont plus fréquentes lorsque le patient est soumis à une émotion intense ou à un événement qu'il qualifie de drôle. D'où l'idée de l'équipe du Dr Allan Reiss (Stanford, États-Unis) de s'intéresser aux régions qui régulent le rire et, de façon plus générale, le plaisir, par des examens en IRM fonctionnelle.
Dans un premier temps, ils ont analysé la réponse par autoquestionnaire à des bandes dessinées humoristiques chez dix sujets souffrant de narcolepsie-cataplexie et chez des témoins appariés. Globalement, les patients avaient un sens de l'humour moins développé que les témoins, et le nombre des histoires qu'ils considéraient comme drôles était limité. Les auteurs ont ensuite analysé l'IRMf des dix sujets de l'étude et celle des témoins en situation humoristique.
Résultat : dans les deux groupes, les régions de l'hypothalamus et du Nucleus accumbens étaient stimulées, ainsi que les noyaux frontaux antérieurs. Mais, chez les sujets atteints, cette stimulation était très majorée. L'un des patients a présenté une attaque de cataplexie au cours de l'examen IMRf après une stimulation par l'humour.
De façon paradoxale, au cours de la crise, l'activité de l'hypothalamus était particulièrement réduite.
Pour les auteurs, «la crise catatonique pourrait survenir comme un interrupteur qui suspend l'activation d'un système Nucleus accumbens -hypothalamus lequel fonctionne habituellement en surrégime. Cette suspension de l'activation est similaire à celle observée pendant le sommeil. Mais il est impossible de préciser si les crises de moindre importance ne s'accompagnant pas d'atonie ne correspondent pas à une simple sur-stimulation du système cérébral du plaisir».
PLoS One en ligne.
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