DANS CETTE CONJONCTURE très préoccupante, la France, selon la ministre, se comporterait mieux que ses partenaires européens. On ne saurait toutefois négliger un ralentissement, sinon une récession, qui va influencer négativement le niveau de vie des Français. Le gouvernement continue à refuser obstinément de parler de rigueur. Peu importent les mots : s'il veut empêcher que les conséquences néfastes de la conjoncture affectent les plus pauvres, il n'est pas en mesure de réduire la dépense publique, supérieure de 10 points à la moyenne européenne, alors que le seul moyen d'apporter un stimulant sérieux à l'activité, c'est de réduire à la fois les charges et les impôts.
Un optimisme excessif.
La crise économique mondiale est due à plusieurs facteurs. Un optimisme excessif a conduit les Etats-Unis à augmenter sans cesse leur consommation, ce qui a aggravé le déséquilibre de leur commerce extérieur, fortement déficitaire depuis trente ans, et a abouti à la hausse insupportable du prix du pétrole et des matières premières. En outre, les banques, désireuses d'ouvrir de nouveaux marchés pour le crédit, ont pris des risques inconsidérés dans le secteur immobilier, ce qui s'est traduit par ce qu'il est convenu d'appeler la crise des subprimes.
Les banquiers ont accordé des prêts à une couche de la population américaine pauvre, mais attirée par des taux d'intérêt particulièrement bas. Les taux ont augmenté et les nouveaux propriétaires sont devenus insolvables. En 2007, 1 million de foyers américains ont été expulsés de leur maison et, cette année, un autre million fera l'objet d'une saisie. Il s'agit donc d'une crise sociale induite par une pratique des prêts proche de la fraude : les institutions financières savaient pertinemment que, en développant à l'infini le marché de l'immobilier, elles feraient remonter les taux d'intérêt.
La crise des subprimes a gagné l'ensemble des Etats-Unis, puis l'Europe. La plupart des grandes banques ont été obligées d'inscrire à leur passif des sommes importantes, parce qu'elles avaient acheté des produits dérivés des subprimes et censés obtenir un rendement élevé. On peut se demander pourquoi les gouvernements américain et européens ont pensé en priorité à sauver les banques en leur accordant des prêts énormes au lieu d'aider les victimes de leurs pratiques. On peut se demander pourquoi les propriétaires insolvables ont été évincés de leur maison si la vente de leur bien ne suffisait pas à empêcher la crise du crédit. On peut se demander pourquoi les sommes considérables injectées dans le système bancaire américain n'ont pas été utilisées pour maintenir les foyers dans leur maison au lieu de voler au secours d'institutions financières en faillite.
Il s'agit donc d'une crise artificielle, induite par des comportements presque malhonnêtes. Elle a aggravé la crise conjoncturelle causée par le pétrole et le dollar : en alimentant l'inflation, les marchés des matières premières ont accru la paupérisation des Occidentaux par l'effet combiné du manque de crédit, du manque de confiance et de la hausse des prix.
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