« Help ! Help ! » ont martelé des militants transportant sur un brancard un malade qui semblait au plus mal. Derrière eux, d'autres militants déguisés en urgentistes et représentant chacun un pays du G8 semblaient à la traîne.
Cette scène jouée dans les allées de la conférence de Vienne est l'une de ces parodies qui, tous les deux ans, contribuent à l'ambiance si particulière des réunions organisées par l'IAS. Cette fois, il s'agissait de rappeler que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme était en danger de mort. À deux mois de la troisième conférence de restitution, prévue le 5 octobre prochain à New York, il manque encore de 13 à 20 milliards de dollars pour assurer les programmes 2011-2013 du Fonds.
Pourtant, depuis sa création en 2002, le Fonds a permis de sauver près de 5 millions de vie et de mettre sous antirétroviraux 2,5 millions des 5,2 millions de personnes qui pourraient en bénéficier, dont 800 000 femmes en prévention de la transmission mère-enfant. Pour le Pr Michel Kazatchkine, son directeur exécutif, des pays comme la Chine et l'Inde doivent aujourd'hui passer du statut de récipiendaire du Fonds à celui de donateur.
Les militants de la société civile ont profité de leur présence à Vienne pour rappeler que l'Autriche n'était toujours pas donatrice du Fonds mondial alors qu'elle fait partie des pays développés.
Plus globalement, la riposte contre le VIH/sida a connu pour la première fois en 2009 une baisse de ses financements, avec 7,6 milliards de dollars reçus contre 7,7 en 2008. Cette tendance survient après plusieurs années de croissance à deux chiffres, alors que les besoins en traitement, en particulier, sont de plus en plus importants. Les fonds proviennent de l'aide bilatérale (5,9 milliards) et de l'aide multilatérale à travers des organismes comme le Fonds mondial (1,6 milliard) et UNITAID (123 millions), selon un rapport de l'ONUSIDA.
Présent à Vienne, Philippe Douste Blazy, président d'UNITAID, a rappelé que la taxe sur les billets d'avion avait permis de réunir, depuis sa création en 2006, plus de 1 milliard de dollars. Tout comme le Pr Michel Kazatchkine et plusieurs experts présents à Vienne, il s'est prononcé en faveur d'une microtaxe sur les transactions de change, dite taxe « Robin des Bois » (Robin Hood). Cette microtaxe de 0,005 % permettrait de lever 40 milliards de dollars par an. Une telle taxe pourrait être mise en place dans la zone euro sans attendre l'accord des autres zones de devise. « Moins d'un tiers de ceux qui en ont besoin bénéficient aujourd'hui des antirétroviraux », ont rappelé les experts à Vienne. Au rythme actuel, l'objectif d'un accès universel d'ici à 2015 risque de ne pas être atteint.
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