De notre correspondante
Dès le mois d'août, on sentait ici que la situation était moins catastrophique qu'ailleurs, malgré une chaleur plus intense que les autres années : « C'est la panique habituelle, mais pas pire que les autres étés », disaient médecins et infirmières des services d'urgence. Encore fallait-il chiffrer cette impression, et l'ARH a attendu le rapport de l'INSERM (« le Quotidien » du 29 septembre) pour publier ses propres statistiques et les commenter.
Alors que la surmortalité totale survenue en Ile-de-France est de 33 %, celle de PACA s'est limitée à 5,5 % et a été beaucoup plus faible dans les hôpitaux que chez les personnes âgées vivant à domicile : 272 décès hospitaliers supplémentaires dans la région (un seul à Marseille), survenus dans la première quinzaine d'août. Seulement 49 étaient liés directement à une hyperthermie qui a touché aussi des adultes plus jeunes.
Se protéger, ça s'apprend
On a beaucoup dit que les gens du Sud, plus habitués au soleil, savent mieux se protéger, mais cette capacité n'est pas toujours innée : elle a beaucoup été encouragée par des campagnes de prévention. Chaque début d'été, le laboratoire de santé publique de la faculté de médecine de Marseille organise une conférence de presse et distribue des brochures d'information dans les lieux accueillant des personnes âgées, pour rappeler les risques de la chaleur et les moyens de se rafraîchir. Les mutuelles relaient ces informations dans la population générale. Dans les hôpitaux et les maisons de retraite, les personnels sont également bien rodés, et leur action semble avoir été déterminante dans cette crise.
Bilan de la crise : une simple augmentation de 6 % des appels aux différents centres 15 de la région. Le nombre de passages dans les services d'urgence des hôpitaux a augmenté de 6,7 %, de façon très variable selon les établissements, avec un maximum de 15 %, la plupart des problèmes étant réglés aux urgences : 19,8 % d'hospitalisations après passage aux urgences cet été, contre 17,9 % l'été dernier et 25 % le reste de l'année. Selon Christian Dutreil, directeur de l'ARH, si les besoins avaient été plus grands, les autorités sanitaires n'auraient pas été prises de cours : une cellule d'astreinte comprenant du personnel médical et administratif de l'ARH, de la DRASS et des DDASS, qui fonctionne tous les week-ends de l'année, a été doublée pendant tout l'été, et l'information semble y avoir très bien circulé, tandis que des membres de l'ARH et de la DRASS multipliaient les « visites surprise » pour s'assurer de la situation. La plupart des hôpitaux avaient ouvert une cellule de crise prête à déclencher l'ouverture de lits et le rappel de personnels supplémentaires, mais aucun établissement n'en a eu besoin. 260 lits d'aval sont même restés disponibles à l'Assistance publique de Marseille au plus fort de la canicule. Au total, « une situation tendue, mais habituelle à cette période de l'année, et qui n'a pas créé de difficulté insurmontable », estime M. Dutreil.
Information permanente
Après l'heure du constat, les instances sanitaires régionales entendent tirer les leçons de la crise. L'ARH-PACA a donc confié au laboratoire universitaire de santé publique de Marseille une étude sur les causes des décès survenus dans les hôpitaux cet été, à partir de l'analyse des dossiers médicaux, et demande que les certificats de décès soient désormais plus précis sur les causes de la mort.
En outre, en attendant que se mettent en place les mesures nationales annoncées, elle va tester pendant trois ou quatre mois un système d'alerte (grâce à des courriels qu'enverraient des médecins ou du personnel soignant). Ce système permettra aux services d'urgence d'informer aussitôt l'ARH de tout problème qui aura un impact sur la santé publique.
Comme la surmortalité a surtout atteint des personnes à domicile, l'ARH s'efforce de développer les réseaux incluant les libéraux. Un système d'information permanente devrait englober le secteur privé et le secteur public, les infirmières comme les médecins, mais aussi les aides-ménagères. Cela entraînera un renforcement du rôle des centres communaux d'action sociale qui assurent repérage et présence auprès des personnes isolées. Des mesures qui, ajoutées aux promesses nationales, devraient permettre d'envisager plus sereinement l'été prochain et, auparavant, les grands froids.
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