LES INFECTIONS urinaires basses (IUB) concernent une femme sur trois avant 24 ans et une femme sur deux au cours de sa vie. Certaines catégories sont plus exposées (personnes âgées, enfants, femmes enceintes, traumatisés médullaires, diabétiques, sujets porteurs de sonde urinaire...), mais, chez les sujets n'ayant pas de facteurs de risque clairement identifiés, les IUB sont également fréquentes, avec un risque non négligeable de récidive.
Inhibition de l'adhérence d'E. coli.
Depuis les travaux de Sobota, en 1984, on sait que la cranberry ( Vaccinium macrocarpon : airelle sauvage d'Amérique du Nord) est susceptible d'inhiber l'adhérence d' Escherichia coli à l'épithélium urinaire. Cette action semble liée à la présence de tanins (proanthocyanidines et anthocyanidines) qui inhibent la synthèse des pili d' E. coli et se fixent de façon compétitive sur les récepteurs bactériens de l'épithélium urinaire. Fortement antiradicalaires, les tanins de la cranberry pourraient également exercer une activité anti-inflammatoire favorisant une bonne trophicité de la muqueuse urétro-vésicale. Plusieurs études cliniques sont venues confirmer le rôle préventif de la cranberry sur la prévention des infections récidivantes. Cette efficacité a été validée en 2004 par une revue de la Cochrane Library, qui précisait cependant que le dosage optimal restait encore à définir et que des problèmes d'observance au long cours étaient observés avec le jus de cranberry.
Parmi les causes de récidives, le rapport sexuel est très fréquemment incriminé et, selon certaines études, les cystites liées aux rapports sexuels représenteraient 4 % de la totalité des IUB et 60 % des cas de cystites récidivantes. Une étude (Hootom TM, 2000) a montré qu'une femme de 24 ans, qui a eu un rapport sexuel dans les trois jours précédents, a un risque d'IUB 2,6 fois plus important qu'une femme du même âge qui n'a pas eu de rapports depuis huit jours. En 1995, Foxman et coll. montraient qu'un rapport, même protégé, dans les quinze derniers jours augmentait de 53 % le risque de développer une cystite. C'est dans ce contexte qu'a été évaluée, à l'institut Alfred-Fournier (Paris), l'efficacité d'une prise unique postcoïtale de cranberry (dans les six heures suivant le rapport) chez des patientes à haut risque de récidive.
Entre mai et août 2006, les femmes ayant eu trois épisodes d'IUB au cours des six derniers mois et qui avaient plus d'un rapport sexuel tous les quinze jours pouvaient être incluses dans l'étude, puis réparties en trois groupes. Pendant les 45 jours qui suivaient l'inclusion, les patientes devaient se traiter dans les six heures suivant chaque rapport sexuel avec une gélule soit de GynDelta, soit d'un extrait de Vaccinium macrocarpon contenant 36 mg de proanthocyanidine A (PAC), soit d'un placebo. Après 45 jours, le nombre de patientes récidivantes était évalué, ainsi que le délai d'apparition de la première cystite après l'inclusion et la tolérance des produits. L'évaluation était faite sur l'interrogatoire des patientes et l'étude d'un calendrier complété par la patiente (rapports sexuels, éventuelles récidives de cystite, prise éventuelle d'antibiotiques, effets secondaires).
Quatre fois moins de récidives.
Au total, près de 1 patiente sur 4 (24,3 %) a fait une récidive de cystite au cours de l'étude, avec de grandes variations en fonction du traitement reçu. Seulement 10,8 % des patientes du groupe GynDelta ont fait un nouvel épisode d'infection urinaire basse, contre 18,9 % des patientes du groupe cranberry titré à 36 mg de PAC et 43,2 % des patientes sous placebo. Ainsi, les femmes sous GynDelta ont eu quatre fois moins de récidives que les patientes sous placebo (p = 0,005) et presque deux fois moins que celles sous 36 mg de PAC. En ce qui concerne le délai de réapparition du premier épisode, le délai le plus important est obtenu dans le groupe GynDelta (22 jours vs 8 jours pour le groupe B et 4 jours pour le groupe placebo).
L'étude montre que la prise d'une seule gélule de GynDelta dans les six heures qui suivent un rapport sexuel a un réel pouvoir protecteur vis-à-vis des récidives de cystite, avec un degré de signification statistique plus important (p = 0,005) que celui de la cranberry titrée à 36 mg de PAC (p = 0,048) par rapport au placebo. Cette étude montre également que la concentration de 36 mg de proanthocyanidines A, parfois retenue comme limite inférieure d'efficacité, doit être reconsidérée ou que d'autres substances contenues dans GynDelta jouent un rôle actif dans la prévention des récidives de cystite, via une action antibactérienne et/ou anti-inflammatoire.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire CCD dans le cadre du Congrès de gynécologie pratique et à laquelle participaient J.-M. Bohbot, S. Mimoun et J.-L. Santelli.
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