Décision Santé. Que répondez-vous à la volée de bois vert qu’adresse la Cour des comptes à l’hôpital public ?
Gérard Vincent. Pour ce qui concerne les recommandations sur la gestion, la Cour est pour le moins hypocrite et n’évoque pas la suppression d’emplois. La Cour se garde bien de le dire. Lorsque sont chiffrées à hauteur de 5 milliards d’euros les économies réalisées, la traduction immédiate est alors de supprimer 100 000 emplois. C’est irresponsable. On peut d’ailleurs s’étonner que la Cour des comptes soit chargée de rédiger ce type de rapports et pas l’Igas.
D. S. La Cour des comptes appelle les ARS à exercer davantage leur tutelle sur les hôpitaux.
G. V. Les ARS n’ont pas été créées pour s’immiscer dans la gestion quotidienne des établissements. Ce n’est pas réaliste. Elles sont en revanche légitimes pour animer une politique de santé à l’échelle régionale.
D. S. Certes, la Cour souligne le retour à l’équilibre budgétaire pour l’ensemble des hôpitaux publics. Mais ce résultat positif serait le fruit de mesures conjoncturelles.
G. V. Le constat est en partie exact. Les directeurs se sont efforcés de ne pas toucher à l’emploi. Ils ont privilégié les cessions d’actifs. On ne peut pas le leur reprocher. La situation des hôpitaux risque en effet de se détériorer non par dérapage des dépenses, mais par insuffisance des recettes. L’activité prévue (2,7 %) n’est pas au rendez-vous. L’Ondam sera certes respecté. Mais le déficit en fin d’année risque d’être plus important que prévu.
D. S. La Cour au sein de l’hôpital public distingue les bons élèves, à savoir les CHU, des moins bons élèves, les CH.
G. V. On ne peut dire cela. Seuls s’en sortent ceux qui ont une forte activité. Ils compensent l’insuffisance des tarifs par des volumes d’activité importants compte-tenu de la progression des charges.
D. S. L’autre bon élève est la médecine de ville qui respecte le taux d’Ondam.
G. V. Avez-vous examiné les chiffres produits par les comptes nationaux de la santé ? Les dépenses des hôpitaux publics n’ont augmenté que de 2,4 % l’an dernier contre 2,6 % pour les cliniques privées, 3,2 % pour les soins de ville et 5,3 % pour les transports sanitaires. Celui qui est vertueux est bien l’hôpital public.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature