À la neige ou à la mer, l’explosion du tourisme saisonnier s’est accompagnée ces dernières années d’une stratification des dispositifs de secours dans une relative anarchie. Aujourd’hui la Cour des comptes invite les décideurs publics à remettre de l’ordre parmi les intervenants.
Quel est le point commun entre la montagne et la plage ? Le développement d’un tourisme de masse qui crée de nouveaux déséquilibres et certains dangers, selon la Cour des comptes. L’institution étrille dans un rapport demandé par la commission des finances de l’Assemblée nationale l’organisation des secours dans ces zones de loisirs. Principal grief, les services de l’État et des collectivités territoriales se chevauchent, aboutissant à un gaspillage intolérable dans un contexte de crise.
Concurrence
En montagne, la confusion règne entre 3 types d’intervenants. Deux relèvent de l’État : la police, à travers les détachements de montagne des compagnies républicaines de sécurité (CRS), et la gendarmerie nationale. S’ajoutent à ces 502 fonctionnaires, les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), soit 334 sapeurs-pompiers. Une concurrence symbolique et historique sévit : les deux premiers assurent ces secours depuis 1950, les sapeurs-pompiers, seulement depuis 2004. Si la Cour des comptes chiffre à 61 millions d’euros le coût global du dispositif de l’État, pour des interventions coûtant en moyenne 8 600 euros, elle n’a pu évaluer la facture des pompiers mais pointe des « moyens non justifiés pour développer leurs interventions ».
À cette profusion des acteurs, se superpose une organisation peu adéquate des plans de secours arrêtés par les préfets à l’échelle départementale. Or les « sages » plaident en faveur d’une logique par massifs montagneux. En outre, si les secours interviennent dans le cadre de ces plans départementaux, chaque service apprécie lui-même ses besoins et moyens, ce qui compromet la coordination et crée des doublons.
La Cour demande aux préfets de département de rationaliser l’organisation et les moyens des secours (comme l’hélicoptère, qui représente 31 % des dépenses étatiques). Si elle se garde de remettre en cause le trio d’intervenants, confirmé par la dernière circulaire de juin 2011, elle suggère de limiter la présence des sapeurs-pompiers afin d’éviter les interventions redondantes.
CRS non grata à la plage
La Cour des comptes conteste avec encore plus de sévérité la participation des 471 CRS à la surveillance des lieux de baignade. Les maires, responsables de la sécurité des plages, peuvent déjà faire appel aux SDIS, aux sociétés de secours en mer ou à des maîtres nageurs civils. Aucun texte réglementaire ne confie aux CRS une mission de surveillance des plages. Aussi leur intervention n’est pas sans poser des problèmes juridiques et la Cour des comptes ne voit pas d’un bon œil leur double casquette. Surveillants de la baignade, de facto sous l’autorité des maires, ils sont aussi garants de la sécurité civile, sous tutelle de la police. Elle dénonce une prestation de l’État aux communes très avantageuse financièrement pour ces dernières. C’est en effet la direction centrale des CRS qui finance les formations, tandis que les communes assument « seulement » les frais de missions et de déplacement occasionnés. Les sages y voient une subvention de l’État en nature indue et recommandent de supprimer à terme le renfort saisonnier des CRS, au profit de professionnels civils.
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