LE QUOTIDIEN DU MEDECIN - Qu'est ce que la Société française de cosmétologie ?
JEAN-JACQUES ETIENNE - La Société française de cosmétologie (SFC) réunit l'ensemble des acteurs de la discipline en vue de promouvoir ses trois aspects : scientifique, technique et artistique. Elle rassemble ainsi un peu plus de 1 300 membres d'horizons divers : médecins, pharmaciens, ingénieurs chimistes, diplômés de l'université - DESS ou MST - des facultés de pharmacie et de sciences, ou sortant de l'ISIPCA (Institut supérieur des industries de la parfumerie et de la cosmétique et des arômes), ainsi que des diplômés de grandes écoles de commerce.
Quel type d'actions menez-vous ?
La SFC a de multiples activités, notamment dans le domaine de la formation et de l'information. Elle organise une conférence mensuelle où interviennent des personnalités très diverses comme des universitaires, des chercheurs, des fournisseurs d'actifs... La SFC organise également une ou plusieurs journées annuelles d'études sur un sujet précis ; en 1999, « la peau et le stress », et l'an dernier, nous nous sommes intéressés aux différents types de polymère. Enfin, la SFC met en place, en partenariat avec des sociétés spécialisées, des ateliers de formation pour ses membres sur des thèmes très précis comme le vieillissement cutané, la sensibilité de la peau, la législation cosmétique, les matières premières à usage cosmétique...
La SFC va fêter en juin son 50e anniversaire.
Oui, les 6 et 7 juin prochain, nous allons célébrer notre cinquantenaire au cours de deux journées que nous organisons à Paris au palais des Congrès. Ces journées scientifiques sont construites autour de quatre thèmes majeurs : la peau, le cheveu, les actifs utilisés en cosmétologie, le marketing et la création qui entourent les produits cosmétiques. Le programme est ambitieux ; et nous sommes heureux d'avoir convaincu de grandes figures de la profession, comme le Pr Kligman, qui viendra de Philadelphie parler du passé, du présent et du futur de la cosmétologie.
Une révolution
Comment jugez vous l'évolution de la cosmétologie en un demi-siècle ?
Plus que d'une évolution, on pourrait parler de révolution. Lorsqu'on interroge les acteurs de la cosmétologie de l'après-guerre, ils disent être « sidérés » de constater le chemin parcouru par cette discipline qui est devenue scientifique. Moi-même, qui gravite dans cet univers depuis trente ans, je me souviens des réticences de bien des dermatologues (et pas seulement eux) quand nous prétendions hydrater la peau. Depuis, nous avons pu montrer scientifiquement la réalité de l'hydratation cutanée et la possibilité de mesurer celle-ci par des tests objectifs (impédancemétrie, par exemple, et évaluer l'efficacité de nos crèmes sur ce paramètre). Plus personne n'est choqué par l'existence de comités scientifiques en cosmétologie. Il existe depuis plusieurs années à Bruxelles une commission scientifique de cosmétologie.
Ensuite, aux scientifiques des firmes de veiller à ce que les résultats de leurs travaux soient correctement traduits en termes de marketing. Même si, avec le produit de beauté, on propose encore du rêve (et c'est tant mieux), les assertions d'efficacité sont aujourd'hui assises sur des travaux scientifiques sérieux. La cosmétologie scientifique est donc devenue une réalité, bien que nous n'ayons peut-être pas encore parfaitement convaincu l'ensemble du corps médical.
Le bilan du siècle écoulé est donc très positif ; comment voyez-vous l'avenir de la discipline ?
Il faut continuer de monter la spécificité du produit cosmétique. On va sûrement progresser encore dans la qualité et la sophistication des travaux de recherche. Nous nous efforçons par exemple d'approfondir la connaissance que nous avons des actifs utilisés ; cela dans un souci de sécurité et d'efficacité. On progresse également dans la compréhension de la physiologie cutanée, ce qui nous permet de répondre de façon plus pointue aux modifications dues aux agressions externes et internes. Les progrès dans la prévention du vieillissement cutané sont tangibles ; ils vont se poursuivre. Nous sommes également plus performants dans le domaine des textures avec l'obtention de « touchers » plus originaux et d'un agrément d'utilisation encore meilleur. Les innovations dans ce domaine ne sont pas près de s'arrêter. Enfin, nous devons mieux communiquer avec le monde médical et apprendre à travailler ensemble. Les journées du 50e anniversaire de la SFC constituent une excellente occasion de se rencontrer et de montrer ce qu'est le produit cosmétique, ce qu'est son activité qui est d'un autre ordre que le médicament.
Echanges avec les dermatologues
L'accueil que vous réservez au grand prix Cosmétologie, remis par la revue « BEDC » (« Bulletin d'esthétique, de dermatologie et de cosmétologie », groupe Quotidien Santé) illustre cette volonté d'échange avec les dermatologues.
Oui, effectivement. Le grand prix Cosmétologie, qui s'appuie sur une revue médicale et dont le jury est présidé par le Pr Louis Dubertret (hôpital Saint-Louis, Paris), est en parfaite harmonie avec notre philosophie. En effet, il comporte deux volets : l'un, scientifique, qui récompense des travaux fondamentaux de grande qualité, et l'autre, de communication, remis à une firme pour son action vers les professionnels de santé.
* Informations : Colloquium SFC 2001, tél. 33 (0) 1.44.64.15.15,
fax 33 (0)1.44.64.15.16, e-mail : colloquium@colloquium.fr, www.sfcosmeto.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature