LA CRYPTORCHIDIE survient chez 2 à 5 % des garçons nés à terme, ce qui la place parmi les plus fréquentes des malformations congénitales.
Si les testicules peuvent encore migrer spontanément après la naissance, les chances deviennent faibles après l'âge de 1 an.
La cryptorchidie est associée à un risque d'infertilité qui augmente avec l'âge, et l'on recommande donc maintenant sa correction chirurgicale (orchidopexie) avant l'âge de 2 ans, et même dès l'âge de 6 mois.
La cryptorchidie est également associée à un risque multiplié par 2 à 5 de cancer testiculaire ; 5 à 10 % des hommes atteints d'un cancer testiculaire ont un antécédent de cryptorchidie.
Mais on ignore si la cryptorchidie et le cancer testiculaire ont une cause commune ou si la cryptorchidie est elle-même une cause de cancer testiculaire.
Controverse.
Selon l'opinion dominante, le mécanisme conduisant au cancer testiculaire est présent avant la naissance, et le risque de cancer est largement déterminé in utero ou tôt dans la vie. Si ce point de vue est correct, l'âge auquel est réalisée la correction chirurgicale ne devrait pas avoir d'effet sur le risque de cancer testiculaire.
Cette thèse est toutefois discutée ; certaines études ont en effet suggéré que l'orchidopexie réalisée à un jeune âge diminue le risque de cancer, mais ces études étaient en majorité rétrospectives et trop petites pour être concluantes.
Pettersson et coll. ont étudié la question, en examinant le risque de cancer testiculaire en fonction de l'âge auquel est réalisée l'orchidopexie, chez 17 000 hommes suédois dont la cryptorchidie avait été corrigée chirurgicalement avant l'âge de 20 ans, entre 1964 et 1999.
Ces hommes, identifiés grâce à un registre national (registre des sorties d'hôpital), ont été suivis à la recherche de l'apparition d'un cancer testiculaire, à partir du registre suédois des cancers.
Durant le suivi moyen de douze ans, 56 des 17 000 hommes ont eu un cancer testiculaire.
Avant ou après la puberté.
L'étude montre que, pour les patients opérés avant l'âge de 13 ans, le risque relatif de cancer testiculaire est de 2,23 (IC 95 % : de 1,58 à 3,06) par rapport à la population générale suédoise.
Mais, pour ceux qui ont été opérés après l'âge pubertaire de 13 ans, le risque relatif est presque deux fois supérieur car il s'élève à 5,40 (IC 95 % : de 3,20 à 8,53).
«Ces résultats indiquent que le traitement chirurgical précoce est préférable pour prévenir le cancer testiculaire chez les garçons atteints de cryptorchidie, notent les chercheurs. Ils suggèrent que la position ectopique du testicule est un facteur dans le développement du cancer testiculaire.»
«En dépit des recommandations claires pour un traitement précoce, une proportion de garçons n'est traitée que sur le tard», précisent les chercheurs. En effet, 6 % des orchidopexies en Suède ne sont effectuées qu'après l'âge de 13 ans, et cette proportion s'élève entre 10 et 20 % au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
«Etant donné les risques relatifs dans notre étude, nous avons calculé qu'il faudrait traiter avant l'âge de 13ans (plutôt qu'après) 69garçons pour éviter un cas de cancer testiculaire avant l'âge de 55ans en Suède. »
« New England Journal of Medicine », 3 mai 2007, p. 1 835.
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