LES PROPOS du Dr Pelloux, président de l'Amuf, qui assurait mardi matin que « les urgentistes ne sont pas là pour faire tout le boulot que les médecins libéraux n'ont pas envie de faire » et que « les centres 15 deviennent des secrétariats de la permanence des soins », ont fait évidemment réagir les syndicats de médecins libéraux.
Pour Dinorino Cabrera, président du SML, « le Dr Pelloux se livre une fois de plus à son sport favori qui consiste à accuser les médecins libéraux de ne pas assumer leurs responsabilités en matière de permanence des soins ». Le Dr Cabrera rappelle que « des milliers de généralistes » participent activement nuit et jour à la PDS, mais qu'ils sont dans l'attente du décret tant de fois promis et annoncé, qui permettra « une meilleure complémentarité, rejetée par le Dr Pelloux, entre la ville et l'hôpital ». Il rappelle aussi que des négociations sont engagées entre les syndicats signataires de la convention et l'assurance-maladie pour réorganiser les secteurs de garde et favoriser la mise en place d'une PDS « régulée et coordonnée avec le Samu ». Des négociations qui auraient sans doute abouti si le décret ministériel sur la PDS avait été publié en temps et en heure.
A l'Unof, la branche généraliste de la Csmf, le Dr Michel Combier met dans le même panier « les rodomontades d'un urgentiste » et les « petites phrases d'un ministre ». Le Dr Combier fait allusion aux déclarations la semaine dernière de Philippe Douste-Blazy qui avait assuré sur la chaîne câblée LCI qu' « un médecin libéral est payé par l'assurance-maladie, il est normal qu'il prenne son tour de garde ». Pour le Dr Combier, « certains Samu de l'ouest de la France, qui se plaignent de la non-participation des généralistes à la PDS, s'appuient sur cet argument pour demander une meilleure adaptation de leurs services. Ils montrent par là que la PDS coûte cher et qu'en l'absence d'un financement suffisant tout devient difficile ».
Tensions, faute de remèdes.
Quant à Pierre Costes, président de MG-France, il rejette la responsabilité de la situation sur Philippe Douste-Blazy, « ministre de l'illusion ». Pour le Dr Costes, « les textes qui organisent et valorisent l'astreinte sont bloqués délibérément par le ministre depuis l'été 2004 ; ils prévoyaient pourtant la régulation généralisée des appels de ville avec un numéro spécial qui aurait déchargé les centres 15 des appels ne relevant pas de l'urgence. Aujourd'hui, on a des tensions parce que les remèdes ne sont pas mis en place ». Pour Pierre Costes, il ne faut pas opposer urgentistes et libéraux dans ce dossier, « car ils sont dans la même situation d'attente des moyens de leur mission ».
En revanche, dans les régions, le ton est plus mesuré. Pour le Dr Pascal Vesproumis, généraliste à Saint-Brieuc et directeur de la maison médicale de garde de la ville, il est « facile de dire que les libéraux se désengagent ; dans notre MMG qui fonctionne jusqu'à minuit, l'Urcam [union régionale des caisses d'assurance-maladie] nous refuse un financement pour la sécurité. Si aucune solution n'est trouvée, nous serons obligés de fermer la MMG à la fin du mois ».
Pascal Vesproumis estime que « si les urgences sont dépassées, les libéraux aussi, et le problème vient de la tutelle ; que Philippe Douste-Blazy nous reçoive et qu'il nous dise pourquoi les financements ne suivent pas ». Le Dr Vesproumis souhaiterait qu'une réunion entre les libéraux et les hospitaliers ait lieu en régions : « Que Patrick Pelloux sorte de Paris pour voir comment ça se passe ! Et que le ministre soit là aussi, à condition qu'il nous parle comme à des partenaires et non comme à des coupables. Mais sans moyens supplémentaires, on ne pourra pas faire plus. » Un souhait également formulé par plusieurs autres médecins de la région. Pascal Vesproumis rappelle au passage que, pour un hospitalier, « une garde est suivie d'un repos compensateur », et regrette « qu'avec certaines prises de position, on prenne le risque de désolidariser le monde médical ». Quant au Dr Christophe Barrois, généraliste à Cancale, où la PDS va s'arrêter à minuit dès le mois prochain, il reconnaît « que les libéraux se désengagent peut-être un peu de la PDS, mais avant, nous vivions inconscients du danger pour les patients et pour nous-mêmes. C'est une bonne chose d'arrêter à minuit. Pelloux prêche pour sa paroisse, mais à l'hôpital, il fait ses 35 heures et jouit d'un repos compensateur après sa garde. Moi, après ma garde, j'enchaîne avec mon cabinet ».
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