LES MÉTHODES contraceptives dites « naturelles » n'ont guère fait l'unanimité, d'autant qu'existent des contraceptions à l'efficacité prouvée. Pourtant, à travers une vaste étude documentée, Petra Frank-Herrmann (Heidelberg, Allemagne) et coll. soutiennent que l'association de la prise de la température et de l'analyse de la glaire cervicale peuvent rivaliser avec les contraceptifs oraux. A la condition de suivre attentivement la procédure.
Une cohorte de 900 femmes a été constituée à partir d'un groupe plus important de 1 599 femmes utilisant une méthode dite « symptothermique » (glaire cervicale + température), suivi entre 1985 et 2005. La méthode de planning familial se fonde sur la « connaissance de la fertilité », lorsque cette période féconde est connue, soit le couple pratique l'abstinence (322 femmes), soit utilise des moyens mécaniques de contraception (509 femmes). Bien sûr, cette information peut être mise à profit pour concevoir un enfant.
Pour déterminer la période à risque, les femmes ont appris à en déterminer les limites. Le premier jour de fécondité est le premier des deux suivants : celui de la modification de la glaire cervicale ou le 6e jour du cycle (au bout de douze mois, il peut être remplacé par le premier jour d'élévation thermique sur cette année, moins sept). Le dernier jour fertile est le dernier des deux suivants : le soir du 3e jour après celui du pic de modification de la glaire ou le soir du 3e jour d'ascension thermique, tous supérieurs aux six prises antérieures (la dernière dépassant de 0,2 °C les six précédentes).
C'est ainsi que, au total, 17 638 cycles ont été analysés. Au bout de 13 cycles 1,8 femme sur 100 dans la cohorte ont eu une grossesse non désirée. Il convient de préciser que 9,2 % des femmes ont abandonné la méthode pour cause de non-satisfaction.
L'analyse plus détaillée montre que le taux de grossesses descend à 0,4 pour 100 femmes et par an, lorsque les couples pratiquent l'abstinence périodique. L'utilisation de ce que les auteurs appellent une « barrière » au cours de la période de fertilité ne modifie pas ce taux. Un pourcentage d'échec tout à fait relatif selon P. Frank-Herrmann, puisqu'une contraception est considérée comme aussi efficace que la pilule lorsqu'elle aboutit à moins de 1 grossesse pour 100 femmes et par an. Elle précise que le 0,4 % obtenu correspond à une grossesse non désirée pour 250 femmes par an.
Un sujet d'étonnement des auteurs a été le nombre de grossesses plutôt faible parmi les couples qui ne prenaient aucune précaution pendant la période de fécondité. Ils relèvent 7,5 %, alors que, lorsque des couples cherchent à concevoir, ce taux est de 28 % par cycle. Les auteurs y voient une « prise de risque intelligente ». Les couples devaient vraisemblablement éviter les rapports non protégés pendant les jours à haute fertilité et n'avoir de rapports non protégés que dans les journées marginales de cette période.
Les auteurs concluent à la bonne efficacité de la méthode fondée sur la connaissance de la période de fécondité, lorsque le protocole en est bien appliqué. Le taux d'échecs de 1,8 % sur 13 cycles serait attribué à la fois à la méthode et aux utilisateurs. A l'inverse, les bons résultats enregistrés peuvent être mis sur le compte, à la fois, de la motivation des couples et de ceux qui leur ont patiemment expliqué la méthode.
« Human Reproduction » doi : 10.1093/humrep/dem003.
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