« En 2012, la "crise des pilules" a entraîné une réticence vis-à-vis de la contraception orale, notamment chez les femmes d'une vingtaine d'années. Cinquante ans après la loi Neuwirth, des études mettent en exergue l'intérêt des hommes à gérer leur fertilité », souligne le Pr Jeanne Perrin, médecin biologiste de la reproduction, hôpital de la Conception APHM (Marseille) lors d'une journée scientifique de la Société d'andrologie de langue française. En matière de contraception masculine, le préservatif est la méthode la plus utilisée, devant le retrait et loin devant la vasectomie.
3 000 vasectomies par an
Pratiquée depuis 1945 sur des centaines de millions d'hommes à travers le monde, la vasectomie à visée contraceptive n'est autorisée, en France, que depuis la loi du 4 juillet 2001 (loi n°2001-588). Le geste chirurgical consiste à faire l’exérèse, par voie scrotale, sous anesthésie locale, d’un fragment de chaque déférent entre deux ligatures pour interrompre la voie d’excrétion des spermatozoïdes, sans modifier l’aspect macroscopique de l’éjaculat. Il engendre rarement des complications mais est proposé par peu de chirurgiens. « La vasectomie ne concerne que 3 000 hommes en France chaque année, contre 30 000 en Espagne ; 20 % des hommes de plus de 40 ans sont vasectomisés en Amérique du Nord », indique le Dr Vincent Izard, urologue, hôpital Bicêtre APHP (Le Kremlin-Bicêtre). Prise en charge par l’assurance maladie, elle ne peut être pratiquée en France que dans un établissement de santé et après expiration d’un délai de réflexion de 4 mois. « L’autoconservation préalable de spermatozoïdes éjaculés (réalisée dans un CECOS régional) est proposée à l'homme encore jeune et, en cas de demande de reperméabilisation, une vaso-vasostomie microchirurgicale permet d’obtenir une conception ultérieure dans plus de la moitié des cas », ajoute le Dr Izard.
Contraceptions hormonale et thermique : bien tolérées et efficaces
La contraception hormonale masculine (CHM) qui permet d’obtenir, au niveau testiculaire, une mise au repos des cellules de Sertoli, existe depuis les années 1980. « Les cellules de Sertoli sont contrôlées par la testostérone intra testiculaire et par la FSH. Le traitement consiste à engendrer l'arrêt de la production de FSH et de testostérone, en jouant sur la LH, ce qui provoque l'arrêt du fonctionnement sertolien », indique le Dr Jean-Claude Soufir, service de biologie de la reproduction, hôpital Cochin APHP (Paris). Le traitement proposé en France est celui utilisé dans deux protocoles multi-centriques organisés par l'OMS : l’énanthate de testostérone, administré en injection intra-musculaire profonde à la dose de 200 mg par semaine (traitement prescrit hors AMM, sur 18 mois maximum, chez un homme de moins de 45 ans). « Il y a deux ans, nous avons créé une consultation de contraception masculine à l'hôpital Cochin. Or, la demande est aujourd'hui modeste, alors même que la CHM est efficace, réversible et engendre peu d'effets indésirables si les contre-indications sont respectées. Nous avons eu 60 demandes d'hommes ayant sensiblement le même profil : trentenaires désirant relayer une compagne tolérant mal la contraception féminine », résume le Dr Soufir. Autre méthode peu utilisée, la contraception masculine thermique (CMT) - avec élévation de la température des testicules d'environ 2 °C - est fiable et réversible. Elle est développée en France par le Dr Roger Mieusset, andrologue (CHU de Toulouse).
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