I L existe un paradoxe contraceptif français : en dépit d'une excellente couverture contraceptive (69 % des femmes de 20-44 ans), 30 % des 760 000 grossesses annuelles ne sont pas prévues et le nombre d'IVG (interruptions volontaires de grossesses) n'a pas diminué depuis la loi Veil. Nathalie Bajos (docteur en santé publique, INSERM) précise que sur les 31 % de femmes non protégées, seulement 2,6 % ne désirent pas de grossesses, les autres, soit n'ont pas de partenaires, soit désirent une grossesse ou sont enceintes.
Cependant, la contraception d'urgence ne concerne pas seulement ces 2,6 % de femmes qui ne souhaitent pas de grossesse et qui n'ont pas de méthodes de contraception. Comme le note encore Nathalie Bajos, « déclarer avoir une méthode de contraception ne préjuge pas qu'un jour ou l'autre, on ne se retrouvera pas dans une situation à risque, sans être pour autant une femme à risque ». On sait que 9 % de femmes ont eu un oubli de pilule dans les six derniers mois et 900 000 accidents de préservatifs par an ont été recensés.
C'est donc dans le cadre d'un rattrapage de ces erreurs contraceptives que prend place le Norlevo. Mis sur le marché français depuis le 30 mai 1999, 800 000 femmes l'ont utilisé (1 million dans le monde). Des études ont permis d'évaluer sa tolérance et son efficacité.
Une étude anglaise chez 286 femmes a montré des effets secondaires peu importants : nausées (20 % des femmes), céphalées et fatigue (10 %), vertiges (5 %), qui disparaissent rapidement 1 à 2 jours après l'arrêt du traitement. Des vomissements sont survenus dans moins de 1 % des cas. Il n'a pas été noté de modification de la durée du cycle menstruel, mais 15 % des utilisatrices ont eu un retard de règles de 5 jours ou plus.
Par ailleurs, aucun effet indésirable grave inattendu n'a été signalé et il n'a pas été noté d'augmentation de fréquence des grossesses extra-utérines. Le produit s'est révélé efficace à 95 % et l'est d'autant plus qu'il est pris précocement (dans les 12 heures après le rapport non protégé).
Une première
Simple d'emploi (1 comprimé au plus tard dans les 72 heures après un rapport non protégé, suivi d'un deuxième 12 à 24 heures après), le Norvelo bénéficie d'une bonne acceptation sociale, reconnue par les pouvoirs publics. En décembre 2000, une loi votée à l'unanimité par l'Assemblée et le Sénat, autorise sa délivrance, sans prescription médicale, dans les pharmacies, par les infirmières scolaires en cas d'urgence (décret du 28 mars 2001), gratuitement pour toutes les mineures sous certaines conditions (décret d'application à paraître). « C'est la première fois qu'une contraception hormonale est en vente libre et que les femmes peuvent en disposer librement », note le Dr Elisabeth Aubény (gynécologue, présidente de l'Association française de contraception et de la Société européenne de contraception). Les femmes ont bien répondu à ce nouveau type de contraception. La crainte d'une utilisation en lieu et place de la contraception classique n'a pas été confirmée. La vente des pilules estroprogestatives continue d'augmenter, la contraception d'urgence pouvant même servir de mode d'entrée à une contraception régulière. Cependant, une étude menée par l'INSERM (1) a mis en évidence des freins sociaux et psychosociaux à l'origine de la survenue de grossesses non prévues. Les échecs peuvent s'inscrire dans le cadre d'une ambivalence (désir indicible de grossesse). Dans cette étude, 10 % de femmes étaient concernées par la contraception d'urgence (1/3 y ont eu recours). Le non-recours ne s'explique pas toujours par un manque d'information mais, comme le dit en conclusion le Dr André Ulman (directeur général de HRA Pharma), « si l'information n'est pas le seul élément pour une bonne utilisation du produit, elle est un élément indispensable ». HRA Pharma, qui entend être actif dans le domaine de la santé publique, a donc entrepris une vaste campagne d'information, auprès des professionnels de santé et des utilisatrices. Un site Internet (2) a déjà été ouvert et des messages promotionnels en direction des jeunes vont être lancés sur les ondes radio (Fun Radio et Energie).
Conférence de presse organisée par HRA Pharma.
(1) Entretiens semidirectifs de 80 patientes dont 54 ont eu une IVG. Analyse de contenu transversale et longitudinale présentée par Nathalie Bajos.
(2) www.norlevo.com
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